mardi 24 juin 2008

Simple comme un attentat

Pourquoi parler compliqué quand quelques mots simples suffisent. C’est la leçon que vient de donner un conseiller du candidat républicain à la présidentielle John McCain. Son nom est Charlie Black et il a estimé qu’un attentat du type 11-Septembre, avec plein de morts et beaucoup de sang, serait bien utile pour assurer la victoire de McCain face au candidat démocrate Barack Obama. Cette remarque plutôt cynique lui est venue en discutant avec le magazine Fortune des atouts de McCain en matière de sécurité nationale, « Ce serait certainement un gros avantage pour lui », a-t-il estimé à propos d’une éventuelle nouvelle attaque terroriste sur le sol américain.

Charlie Black est un lobbyiste à succès, qui a travaillé pour chaque campagne présidentielle républicaine depuis 1972. De tempérament plutôt discret, il est un pivot de la politique washingtonienne. Son épouse est également une lobbyiste et elle préside le groupe des “Femmes pour McCain”. En mai, l’association progressiste Moveon.org a diffusé une publicité dans laquelle elle appelait McCain à virer Black qu’elle accuse d’avoir travaillé pour le compte des pires dictateurs de la planète, dont Mobutu (Zaïre), Ferdinand Marcos (Philippines) et Jonas Savimbi (Angola).

Mais Black est très utile à McCain. Selon le New York Times, il est à l’origine de la stratégie qui a permis le comeback du candidat lors des primaires républicaines alors que sa candidature semblait s’effondrer l’été dernier. McCain a axé tous ses efforts sur le New Hampshire. Et cela a marché. Black a ensuite assuré à McCain le soutien de leaders conservateurs au moment où le candidat était sous le feu des critiques de cette frange du parti républicain.

Le cynisme triomphant ne permettant pas de se faire élire, John McCain a rapidement réagi en disant qu’il n’était pas du tout d’accord avec son conseiller sur l’impact d’un nouveau 11-Septembre sur la campagne. Charlie Black a dû s’excuser des propos tenus. Au-delà de la polémique, on peut toutefois s’interroger sur l’effet d’un attentat sur la campagne présidentielle. Les conservateurs au pouvoir en Espagne ont perdu les élections après les attentats de Madrid en 2004 et le message d’Oussama ben Laden quelques jours avant le scrutin présidentiel américain de novembre 2004 a peut-être contribué à la victoire de George W. Bush.

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