jeudi 16 octobre 2008

Joe, si tu es là

Le héros du débat entre le démocrate Barack Obama et le républicain John McCain, et personne ne pouvait le manquer, a été « Joe le plombier ». Dès le début, McCain a pris à témoin ce personnage réel rencontré récemment par Obama et devenu dans la bouche du candidat républicain l’incarnation de l’Américain moyen (blanc), son « vieux pote, Joe le plombier ». « Joe, je veux vous dire. Je vais non seulement vous aider à acheter cette entreprise dans laquelle vous avez travaillé toute votre vie mais je vais aussi garder vos impôts à un niveau bas ». Entre parenthèses, il semble que les responsables politiques des deux côtés de l’Atlantique font une fixation sur les plombiers. Le « plombier polonais » était en effet devenu en France un épouvantail créé par les adversaires de la Constitution européenne lors du référendum sur la question en 2005.

Obama ne s’est pas laissé faire et a aussi pris à témoin Joe le plombier, avec sans doute moins de talent que McCain, mais l’essentiel étant qu’il ne l’a pas laissé occuper le terrain de la complicité avec l’Amérique blanche : « Je viens juste de décrire mon plan. Et je suis heureux de te parler, Joe, si tu es là » (la grande question que toute l’Amérique qui a regardé le débat se pose est : est-ce que Joe était devant sa télé ce soir-là ?).

McCain a aussi tenté la complicité avec l’animateur Bob Schieffer, un Américain blanc âgé, lui jetant des regards étonnés et exaspérés quand Obama parlait, comme s’il voulait le prendre à témoin des supposées énormités que disait le candidat démocrate. « Zéro ? », s’est exclamé McCain, semblant ne pas croire ce qu’Obama venait de dire (le candidat démocrate venait d’affirmer que dans son plan de couverture santé, il n’y aurait pas d’amendes : « Joe, si tu es là. Voici ton amende : zéro ». Et McCain de réagir comme si un énorme mensonge venait d’être proféré : “Si vous êtes là, mon ami, et que vous avez des employés et que vous avez des enfants, si vous n’adoptez pas le plan de couverture santé du sénateur Obama, il va vous coller une amende ».

McCain a tenté également l’exaspération face à l’éloquence d’Obama, voulant résumer le candidat démocrate à ses seuls talents d’orateur, comme si cela expliquait sa défaite annoncée. « J’admire beaucoup l’éloquence du sénateur Obama et vous devez vraiment prêter attention aux mots. Il a dit, « nous regarderons » le forage offshore. L’avez-vous noté ? “Regarder”. Nous pouvons procéder à des forages maintenant ». Et à un autre moment sur l’avortement : “ Encore une fois, l’exemple de l’éloquence du sénateur Obama. La santé de la mère a été utilisée par le mouvement pro-avortement en Amérique pour signifier pratiquement tout ».

McCain a tenté aussi l’outrage, en se disant scandalisé par les clips électoraux négatifs du candidat démocrate : « le sénateur Obama a dépensé plus d’argent dans des publicités négatives que n’importe quelle autre campagne politique dans l’histoire, et je peux le prouver ». Mais Obama ne s’est pas laissé faire : “Je pense que si vous regardez les impressions des Américains, Bob, votre chaîne vient de réaliser un sondage qui montre que deux tiers des Américains pensent que le sénateur McCain mène une campagne négative contre un tiers s’agissant de la mienne. Et 100%, John, de vos publicités, ont été négatives. » McCain l’a attaqué également sur son renoncement au financement public pour sa campagne électorale, son refus de participer avec lui à des débats devant des panels d’Américains, ses liens avec le radical d’extrême gauche Bill Ayers, etc… Mais Obama s’est calmement expliqué.

Toutes les attaques semblaient glisser sur Obama à ce débat. McCain a tenté diverses tactiques pour le déstabiliser dans un effort désespéré pour renverser la tendance qui donne actuellement une nette avance dans les sondages au candidat démocrate. Mais Obama a paré les coups avec aisance et il affichait tout au long du débat le large sourire de celui qui sait qu’il va gagner et que son adversaire ne peut pas grand-chose contre lui.

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1 commentaire:

Anonyme a dit…

De loin le meilleur résumé en français du débat d'hier. Ne Manque que l'ambiance du BusBoys and Poets où j'étais hier....Bravo!
Olivier