Etes-vous plutôt substance ou bien élégance? C’est la question qui agite les démocrates américains actuellement. Mais comme pour la question, fromage ou dessert ?, beaucoup aimeraient répondre : les deux, si possible. Les partisans d’Hillary Clinton insistent sur cette distinction, leur favorite étant selon eux la candidate de la substance alors que son adversaire Barack Obama ne serait qu’élégance, vaine et creuse.
Ce débat rappelle celui qui avait opposé lors des primaires démocrates en 1984 l’ancien vice-président Walter Mondale (1977-1981) et le sénateur Gary Hart et qui est désormais résumé par l’expression devenue célèbre: « Where is the beef ? ». Face à son concurrent qui se déclarait le candidat des « idées nouvelles » (cela ne vous rappelle rien : « espoir », « Yes, we can », etc), Mondale avait détourné un slogan publicitaire de la chaîne de fast-food Wendy’s. Dans cette publicité trois femmes âgées inspectaient un hamburger d’une chaîne de fast- food concurrente et se demandaient où était la viande. Alors que cette campagne publicitaire était au sommet de son succès, Mondale s’était moqué de son adversaire, qui était alors en tête grâce à son slogan sur les « idées nouvelles », lors d’un débat télévisé. « Quand j’entends vos nouvelles idées, cela me rappelle cette publicité, ‘Où est le bœuf ?’ ».
La réaction de Mondale, qui était considéré comme le candidat des notables démocrates, un peu comme Hillary Clinton aujourd’hui, avait eu beaucoup de succès. Il avait finalement remporté les primaires démocrates, face à Hart. N’oubliant pas la phrase qui avait scellé son destin, Hart avait publié quelques années plus tard un livre, qu’il avait présenté à la presse…. entre deux tranches de pain.
Hillary Clinton espère avoir le destin de Walter Mondale dans la bataille des primaires face à Obama mais elle n’a pas encore trouvé l’expression qui pourrait retourner l’électorat démocrate contre lui. « Les discours ne mettent pas de la nourriture sur la table », a-t-elle dit récemment. Ou encore : « Je propose des solutions. Mon adversaire n’est que promesses ». Mais rien ne semble faire flancher l’Obamania. Le candidat républicain John McCain a été plus féroce à l’égard de celui qui pourrait être son adversaire : « Réconforter un pays seulement avec de la rhétorique au lieu d’idées solides et éprouvées… n’est pas une promesse d’espoir. C’est une platitude ».
Clinton ne souhaite certainement pas pousser la comparaison trop loin avec Mondale, qui avait finalement connu une défaite humiliante face à Ronald Reagan à l’élection présidentielle de novembre 1984. Il n’avait remporté que son Etat, le Minnesota, et le District de Columbia. Pendant la campagne, Mondale s’était interrogé sur l’âge de son adversaire (73 ans, alors que Mondale avait 56 ans) et sa capacité à mener un deuxième mandat de président. « Je ne ferai pas de l’âge un argument dans cette champagne. Je ne vais pas exploiter, à des fins politiques, la jeunesse et l’inexpérience de mon adversaire », avait rétorqué Reagan lors du dernier débat entre les deux candidats.
Une leçon certainement à tirer pour Hillary Clinton ou Barack Obama dans l’affrontement à venir contre le républicain John McCain, qui aura 72 ans en août.
mercredi 20 février 2008
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