C’était un peu le baiser de la mort. Surprenant ses ennemis comme ses fans, la venimeuse commentatrice politique conservatrice Ann Coulter a annoncé qu’elle préférerait voter pour la démocrate Hillary Clinton plutôt que pour le républicain John McCain, qui est, selon elle, trop « à gauche » (tout est une question de point de vue). « Si vous étudiez le fond plutôt que l’étiquette R ou D accolé au nom… alors Hillary va être notre fille, parce qu’elle est plus conservatrice que lui… Je pense qu’elle serait plus forte dans la guerre contre le terrorisme”, a dit Coulter vendredi sur la chaîne Fox news. Elle s’est dite prête à faire campagne pour Clinton si McCain remportait les primaires républicaines. « John McCain n’est pas seulement mauvais pour les républicains, il est mauvais pour le pays ».
Un tel soutien, Hillary Clinton s’en serait certainement bien passé, alors qu’elle tente de convaincre les démocrates de la choisir pour la course à la Maison Blanche.
Les propos d’Ann Coulter ne sont qu’une demi-surprise quand on connait la riche carrière de cette professionnelle de la provocation, parfois décrite comme une « Michael Moore républicaine ». Certains diront que Coulter n’a fait que suivre d’autres vociférants commentateurs conservateurs qui détestent McCain, comme l’influent animateur radio Rush Limbaugh qui a estimé que le succès rencontré par McCain était le résultat d’une « base conservatrice +fracturée+ et une palette de candidats républicains pour la présidentielle plutôt ternes ».
Depuis plusieurs années, Ann Coulter, ancienne avocate new yorkaise, a trouvé une niche dans le sarcasme, version conservateur. Et visiblement elle ne lasse pas. Elle apparaît souvent à la télévision, à la radio. Elle se défend en disant que contrairement aux présentateurs de télévision elle ne « prétend pas être impartiale ou avoir un point de vue équilibré ».
Dans sa riche carrière de propos provocants, Ann Coulter a déclaré en autres qu’elle en « avait assez d’entendre parler des victimes civiles » en Irak, que « ce serait sympa de balancer une bombe nucléaire » sur la Corée du Nord, que toutes les féministes sont « faibles et pathétiques » et que l’ancien président Bill Clinton « était un très bon violeur ».
Elle a critiqué celles qu’on a appelé les « Veuves du 11 Septembre », quatre femmes du New Jersey devenues célèbres pour leur combat afin d’obtenir la création de la commission d’enquête sur les attentats du 11 septembre. « Je n’ai jamais vu des personnes apprécier autant la mort de leurs maris », a-t-elle dit charitable.
Elle est l’auteur de plusieurs livres, qui sont devenus des best-sellers, dont « Si les démocrates avaient un cerveau, ils seraient républicains », le plus récent. Il y a eu aussi « Calomnier : les mensonges des gauchistes concernant la droite américaine » (2002) et « Trahison : la traîtrise de la gauche de la guerre froide à la guerre contre le terrorisme » (2003).
L’an dernier, elle avait attaqué le candidat démocrate John Edwards (qui vient d’abandonner la course à la Maison Blanche) en le traitant indirectement de « pédé ». Edwards avait réagi sur son site web en jugeant ces propos « non-américains et indéfendables » et l’avait appelé « la diablesse ». Le lendemain, lors d’une émission sur la chaîne MSNBC à laquelle elle participait, Coulter avait reçu un appel téléphonique d’Elizabeth Edwards, l’épouse de John, lui demandant d’arrêter ses attaques personnelles. Coulter avait rétorqué que la campagne Edwards « collectait de l’argent » grâce à ses propos et avait qualifié l’appel de tentative de la faire taire.
La liberté d’expression est sacrée aux Etats-Unis.
mardi 5 février 2008
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2 commentaires:
Bonne conclusion. Vive la liberte d'expression. Mais Ann Coulter est insupportable a voir et a entendre. Provocatrice, c'est sur, mais beaucoup moins drole que Michael Moore.
Tes deux derniers titres de billets feraient un formidable film pour ces présidentielles ; "la garce, le terroriste et la diablesse".
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