Dur d'apparaître comme élitiste et condescendant quand on est un responsable politique candidat à la Maison Blanche. C'est la mésaventure qui vient d'arriver à Barack Obama. En février, il était le symbole de l'espoir et du changement, porté par la ferveur messianique de ces partisans. Ses propos il y a quelques jours sur les électeurs de petites villes de Pennsylvanie, "amers", selon lui, en raison de leurs difficultés économiques et se raccrochant en désespoir de cause aux armes et à la religion l'ont fait apparaître comme un snob méprisant les électeurs modestes.
“Vous allez dans ces petites villes en Pennsylvanie et, comme beaucoup de petites villes dans le Midwest, les emplois sont partis depuis maintenant 25 ans et rien ne les a remplacés. Et ils ont diminué au cours de l'administration Clinton et de l'administration Bush et chaque administration successive a dit que tout allait repartir mais ce n'est pas ce qui s'est passé. Et il n'est pas surprenant qu'ils soient devenus amers, qu'ils se cramponnent aux armes ou à la religion ou à leur antiphathie à l'égard des gens qui ne sont pas comme eux ou à un sentiment anti-immigrés ou à un sentiment anti-commerce comme une façon d'expliquer leurs frustrations". Obama a tenu ces propos lors d'une réunion dimanche 6 avril avec des donateurs à San Francisco pour expliquer son retard dans les sondages face à son adversaire Hillary Clinton dans l'Etat de Pennsylvanie où une primaire est prévue le 22 avril. La réunion était à huis-clos mais le site d'informations The Huffington Post, classé à gauche, a obtenu une copie écrite et audio des propos tenus par Obama. Et la polémique a démarré.
Les propos ont été du pain béni pour Hillary Clinton qui s'est engouffrée dans la brèche, ainsi que les républicains.
L'analyse d'Obama ressemble plus à celle d'un professeur d'université qu'à celle d'un responsable politique. Il ne faut pas oublier qu'Obama a étudié le droit à Harvard, pas nécessairement le meilleur endroit pour apprendre à ne pas être élitiste. Son analyse est certainement juste mais toutes les vérités ne sont pas forcément bonnes à dire, surtout quand on cherche à se faire élire. C'est comme si en France, Ségolène Royal pendant l'élection présidentielle avait déclaré lors d'une réunion dans un salon privé du café Les Deux Magots à Saint-Germain-des-Prés que les chômeurs dans le Nord-Pas-de-Calais se raccrochaient aux beuveries du samedi soir, aux matchs de foot à la télé et au Loto pour oublier leurs difficultés économiques. Pas le meilleur moyen de se faire élire.
Le site d'informations Politico, qui affiche une préférence pour Obama, a publié un article consterné écrit par Mike Allen. "C'est peut-être un tournant pour la campagne Obama, un moment qui pourrait même être plus nuisible que l'intérêt porté aux propos de son pasteur, le révérend Jeremiah Wright, car cette fois-ci les propos controversés sont sortis de sa bouche". Les déclarations d'Obama arrivent à un moment où les perspectives de Clinton semblaient au plus bas et en plus elles ont été faites à San Francisco, la ville symbole de la gauche intellectuelle américaine progressiste et élitiste, ce qui en renforce le côté snob et condescendant, estime-t-il.
Etrangement, à entendre Obama, on a le sentiment d'avoir affaire à quelqu'un qui a une relation très distante avec la religion, alors que sa campagne le décrit comme profondément religieux. Alors, à qui ment-il ? A ses donateurs de San Francisco, élites progressistes méfiantes à l'égard de la religion, à qui il donne l'impression de partager leur point de vue ? Ou à la majorité des Américains pour qui la religion est une composante importante de leur vie ?
Ce n'est pas la première fois que Barack Obama laisse percer une vision plus proche des élites de gauche aisées que de la classe ouvrière. Il y a plusieurs mois, le Chigago Tribune avait cité le candidat lors d'un déplacement dans une ferme de l'Etat rural de l'Iowa: "Est-ce que quelqu'un est allé à Whole Foods dernièrement et a vu combien ils font payer pour l'arugula?" Whole Foods est une chaîne de supermarchés qui vend des produits bio à des prix élevés et l'arugula est un type de salade verte qui a notamment du succès dans les restaurants branchés.
Pas très proche du peuple tout cela.
Sans parler de son score "catastrophique" au bowling récemment, qui ne fait rien pour arranger les choses.
lundi 14 avril 2008
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