Mais quel est donc cet « Effet Bradley » dont on parle tant à Washington ces dernières semaines ? Il ne s’agit pas d’un nouveau phénomène climatique, physique ou électromagnétique mais d’un phénomène tout simplement… politique qui pourrait avoir un impact déterminant sur l’élection présidentielle américaine et plus particulièrement sur le destin du candidat démocrate noir Barack Obama.
« L’Effet Bradley » fait référence à la défaite en 1982 du maire noir de Los Angeles, Tom Bradley, au poste de gouverneur de Californie. Les derniers sondages avant le scrutin lui donnaient en moyenne une marge de huit points d’avance sur son adversaire blanc républicain, George Deukmejian. Mais c’est finalement Deukmejian qui a remporté l’élection d’un point. Même les premières éditions du San Francisco Chronicle titraient « La victoire de Bradley projetée ». Des recherches après l’élection ont montré que le pourcentage d’électeurs blancs ayant voté pour Bradley était inférieur au pourcentage de ceux qui avaient dit qu’ils allaient faire et que de nombreux électeurs dits indécis s’étaient finalement tournés vers Deukmejian. Le même phénomène s’est produit en Virginie en 1989 quand L. Douglas Wilder était candidat au poste de gouverneur face un adversaire blanc, Marshall Coleman. Il avait 10 points d’avance dans les sondages mais n’a finalement gagné que d’une très courte tête, moins d’un point. Selon des chercheurs qui ont étudié la question, des électeurs donneraient des réponses inexactes aux sondeurs de crainte d’apparaître comme racistes.
Barack Obama pourrait avoir été victime de ce phénomène lors de la primaire du New Hampshire où il a cédé la victoire à Hillary Clinton alors que les sondages lui donnaient une nette avance. D’après le magazine New Yorker, l’équipe de campagne d’Obama se préoccupe de cet « Effet Bradley ». Sa victoire dans l’Iowa, et donc l’absence d’ « Effet Bradley » dans ce cas, pourrait s’expliquer par l’organisation particulière du vote, sous forme de caucus, des assemblées où les électeurs expriment leur vote devant les autres alors que pour les primaires la décision est prise dans le secret de l’isoloir.
Les experts interrogés par le New Yorker, sont toutefois prudents. Selon Keith Reeves, un chercheur à Swarthmore, il n’y a pas de signes évidents d’ « Effet Bradley » dans le New Hampshire même si une des conditions qui y est associée était présente: le nombre élevé d’électeurs indécis. En 2006, certains chercheurs avaient spéculé sur un « Effet Bradley » lors de l’affrontement pour le poste de sénateur du Tennessee entre Harold Ford Jr et son adversaire blanc démocrate Bob Corker. Harold Ford Jr a perdu mais une étude des votes a montré que le pourcentage d’électeurs blancs ayant voté pour lui restait proche du pourcentage de ceux qui indiquaient qu’ils le feraient dans les sondages avant l’élection. « L’Effet Bradley » ne pourrait donc n’être qu’un mirage.
dimanche 20 janvier 2008
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