Certains ont pu trouver cela amusant mais la remarque de Barack Obama lundi soir lors du débat avec ses adversaires démocrates en Caroline du Sud sur la capacité des noirs à danser a suscité chez moi une petite gêne. Est-il vraiment besoin de renforcer les préjugés des blancs sur les noirs en disant cela ? Certes, venant de Barack Obama, qui pourrait devenir le premier président noir des Etats-Unis, cela ressemble davantage à une plaisanterie destinée à la communauté noire qui jouera un rôle clé dans la primaire démocrate en Caroline du Sud le 26 janvier. « Je vais devoir enquêter davantage sur les talents de danseur de Bill (rires) et sur certaines autres choses avant de juger avec exactitude s’il était vraiment un frère », a-t-il dit (I would have to, you know, investigate more of Bill's dancing abilities. You know, and some of this other stuff before I accurately judge whether he was in fact a brother). On venait de lui demander s’il pensait, comme l’écrivaine noire américaine Toni Morrison, prix Nobel de littérature (1993), que l’ancien président Bill Clinton était le “premier président noir” des Etats-Unis, en référence à ses affinités particulières avec la communauté noire.
Toni Morrison avait suscité la polémique quand elle avait fait cette remarque dans un article paru en 1998 dans le New Yorker. «La peau blanche mise à part, il s’agit de notre premier président noir. Plus noir que n’importe personne noire actuelle qui pourrait être un jour élue au cours de la vie de nos enfants. Clinton affiche presque tous les signes de la négritude : foyer monoparental, né pauvre, classe ouvrière, joueur de saxophone, garçon de l’Arkansas amateur de McDonald », écrivait-elle. « Quand le corps du président, son intimité, sa sexualité débridée sont devenus le centre de la persécution (…) le message était clair : Quelque soit ton degré d’intelligence, même si tu travailles dur, quelque soit l’argent que tu gagnes, nous te remettrons à ta place ou nous te sortirons de la position que tu as atteinte. Tu seras viré de ton travail, éloigné dans la disgrâce et, qui sait ?, peut-être condamné », écrivait-elle. Toni Morrison faisait référence à l’affaire Monica Lewinski , qui a entâché, c’est le moins que l’on puisse dire, la présidence Clinton. Obama faisait-il aussi référence à cela quand il a parlé de vérifier cet « other stuff » concernant Bill Clinton et qui ferait de lui un « frère » ?
Ce qui peut paraître étonnant concernant Obama, c’est qu’il a du mal à être accepté comme un « frère » par certains membres de la communauté noire américaine. Il a été accueilli avec distance par beaucoup d’entre eux qui soulignent que ce fils d’une Américaine blanche du Kansas et d’un Kenyan n’est pas un descendant d’esclaves. Selon eux, il n’est « pas assez noir » et donc pas un « frère ».
mardi 22 janvier 2008
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2 commentaires:
bienvenue à "Ici Washington" dans la communauté des blogs. Obama, en brotherisant Clinton, ne chercherait-il pas à rallier les voix noires de Caroline du Sud, elles qui sont enclines à voter pour Bill ? Pardon, Hillary, bien que ce soit l'ex qui fasse grandement sa campagne en SC...
http://potomacmicmac.blogspot.com
Moi aussi, ça m'a choquée. La question que je me pose et qu'il faudrait poser à un noir américain est: est-ce que ça vous gène autant que nous? En France, c'est un stéréotype appliqué aux Africains, mais peut-être est-ce revendiqué ici par les noirs comme un de leurs talents?
Isa
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