Persévérant, c’est bien le mot pour qualifier Ralph Nader, candidat pour la cinquième fois à l’élection présidentielle américaine (il a déjà été candidat en 1992, 1996, 2000, 2004). « De quel côté êtes-vous ? » demande son site web à ses lecteurs, alors que les expressions « cupidité patronale, pouvoir patronal, contrôle patronal » se détachent en lettres blanches sur un ciel sombre transpercé d’éclairs. Les méchants sont désignés à la vindicte : « l’industrie de l’assurance médicale, les géants de l’agro-alimentaire, les criminels en col blanc, le nucléaire, les grandes banques, les compagnies pharmaceutiques, les démocrates amis des patrons, les pollueurs, les antisyndicats, les profiteurs de guerre, les compagnies de cartes de crédit, Wall Street, le pétrole, les républicains amis des patrons ».
Nader est né il y a 74 ans dans une famille d’immigrants libanais installés dans le Connecticut. Il est devenu célèbre en tant qu’avocat défendant la cause des consommateurs. Il a ainsi milité pour les ceintures de sécurité et les airbags dans les voitures. Il s’est battu avec succès contre la viande avariée, la pollution de l’air et de l’eau et les additifs alimentaires.
A l’élection présidentielle de 2000, il avait obtenu 2,7% des voix au niveau national. Il dément être responsable de la victoire de George W. Bush face au démocrate Al Gore mais le résultat aurait certainement été différent s’il n’avait pas été candidat. Depuis, il est détesté par un grand nombre démocrates qui l’accusent de mener des candidatures destructrices. En 2004, il n’avait obtenu que 0,3% des voix au niveau national, mais cela était dû au fait qu’il n’était officiellement que dans 34 Etats. Le parti démocrate l’avait poursuivi en justice et mis en doute les signatures sur ses pétitions dans de nombreux Etats, l’empêchant d’être présent en Californie, en Pennsylvanie, dans l’Ohio et ailleurs. Nader a récemment déposé deux plaintes, accusant le parti démocrate d’avoir comploté en 2004 pour l’empêcher d’être candidat à la présidentielle.
Interrogé sur la possibilité que sa candidature en 2008 prive d’une victoire le candidat démocrate, Barack Obama ou Hillary Clinton, face au candidat républicain John McCain, il a répondu : « Si les démocrates ne sont pas capables de gagner de manière écrasante contre les républicains cette année, ils devraient remballer leurs affaires, fermer boutique et renaître sous une forme différente ». Les démocrates espèrent que la candidature Nader n’aura pas beaucoup d’impact cette année. “Ralph Nader mérite d’être salué pour le travail qu’il a fait en tant qu’avocat des consommateurs. Mais sa fonction de candidat permanent ne met pas de la nourriture sur la table des travailleurs », selon Obama, qui lui a aussi reproché d’avoir mis sur le même plan Gore et Bush. Hillary Clinton pour sa part a jugé sa candidature « regrettable ». « Ce n’est bon pour personne, particulièrement pour notre pays ».
Ralph Nader a choisi comme colistier l’avocat et responsable politique de San Francisco, Matt Gonzalez, 42 ans, qualifié de héros régional de la gauche par le quotidien San Francisco Chronicle. Gonzalez a été président du Conseil de surveillance du comté de San Francisco. Il organisait des expos artistiques mensuelles dans son bureau à l’Hôtel de ville. En 2003, il avait été candidat au poste de maire de San Francisco mais avait perdu face à Gavin Newsom (53% contre 47%).
Matt Gonzalez a publié un point de vue cette semaine intitulé « La folie Obama : pas pour moi » : « Une partie de moi partage l’enthousiasme pour Barack Obama. Après tout, comment quelqu’un qui se qualifie de progressiste ne sentirait pas l’importance significative d’avoir un Africain-Américain si proche de la présidence ? … (Mais) son bilan indique qu’il est incapable d’initier le changement que j’aimerais voir. Il n’est qu’accommodement et concession aux puissances politiques qu’il faudrait dominer et contrer si nous voulons réaliser de vraies avancées durables.”
samedi 1 mars 2008
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