La vague l’a fait à moitié couler. Sa tête a quasiment disparu à la surface de l’eau. Mais après quelques secondes à se débattre pour ne pas être aspirée dans les profondeurs océaniques, elle remonte, aspirant une goulée d’air. Toujours vivante. Insubmersible. Une deuxième vague claque contre son visage, mais elle réussit à garder la tête hors de l’eau cette fois-ci.
Hillary Clinton ressemble à une naufragée tombée de son navire en perdition et se battant pour survivre. Elle est toujours là à tenter de remporter l’investiture démocrate pour l’élection présidentielle de novembre, affichant sa certitude de gagner malgré les chiffres qui disent le contraire. Cette résistance suscite l’admiration de ses supporters et l’exaspération de ses adversaires.
Quelques notables du parti démocrate partisans de son adversaire Barack Obama, tels de méchants garnements, ont essayé ces derniers jours de lui maintenir la tête sous l’eau pour qu’elle rende les armes, en l’appelant à démissionner pour laisser leur champion voguer vers la victoire. « Il n’y a aucune chance que la sénatrice Clinton gagne assez de délégués pour décrocher l’investiture. Elle devrait se retirer et soutenir le sénateur Obama », a déclaré cette semaine le sénateur du Vermont, Patrick Leahy. Avant lui, le sénateur du Connecticut Chris Dodd et ancien candidat à la présidentielle, a aussi appelé la candidate à abandonner. Leur argument est que Clinton menace les chances des démocrates de gagner la présidentielle en perpétuant une bataille des primaires qu’elle sait avoir perdu. Malheureusement, ces appels peuvent être perçus par des électrices, qui constituent une des bases les plus solides de Clinton, comme ayant un parfum de mysogynie. Du genre : « Maintenant tu dégages, car cela devient sérieux ».
Et de toute façon, c’est mal connaître la persévérance d’Hillary Clinton. Fièrement, elle s’est emparée des attaques lors d’un meeting à Louisville, dans le Kentucky (primaire le 20 mai). « Il y a des gens qui disent que nous devrions arrêter tout simplement ces élections : ‘Suffisamment de gens ont déjà voté, qu’est ce que quelques millions de plus changeront ?’ Je ne sais pas en ce qui vous concerne mais je suis contente que le Kentucky puisse voter et que vous puissiez choisir car c’est une élection importante ».
Bill Clinton, son mari, a appelé les notables du parti démocrate à « se détendre » et laisser les primaires se poursuivre. « Partout où je vais, tout ces gens disent : ‘Ne la laissez pas abandonner. N’écoutez pas ces gens à Washington. Ils ne nous représentent pas ‘. »
Le leader du parti démocrate, Howard Dean, a tenté de trouver un compromis en appelant les deux candidats à mettre un terme à l’affrontement d’ici le 1er juillet, mais les déclarations d’Hillary Clinton samedi montrent qu’elle est prête à aller jusqu’à la Convention du parti démocrate fin août à Denver. « Je n’ai pas l’intention d’arrêter tant que nous n’avons pas fini ce que nous avons commencé et tant que nous n’avons pas vu ce qui se passe dans les dix prochaines primaires et tant que nous n’avons pas résolu la Floride et le Michigan. Et si nous ne résolvons pas cette question, nous la résoudrons à la Convention ». Les résultats des primaires de Floride et du Michigan ont été invalidés parce que le vote a été organisé plus tôt, contre l’avis du parti. Clinton a gagné ces deux primaires, même si elle était la seule à concourir dans le Michigan. Si ces résultats sont pris en compte, il n’est pas impossible qu’au final Clinton dépasse Obama en nombre de voix mais sans doute pas en termes de délégués.
Face à la résistance de son adversaire, Barack Obama a dû s’incliner samedi et appeler à la trêve. “Mon approche est que la sénatrice peut continuer à concourir aussi longtemps qu’elle le veut”.
Le marathon va donc continuer. Dans environ trois semaines, ce sera la primaire de Pennsylvanie, le 22 avril. Deux semaines plus tard, ce sera les primaires de Caroline du Nord et d’Indiana. Et ainsi de suite.
Hillary l’insubmersible a toujours la tête hors de l’eau.
dimanche 30 mars 2008
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