Hillary Clinton était encore un peu plus seule mercredi soir après le soutien officiel apporté à son adversaire Barack Obama par l’ex-candidat John Edwards dans la course à l’investiture démocrate à la présidentielle. « Les électeurs démocrates d’Amérique ont fait leur choix et moi aussi », a déclaré Edwards. Parce qu’un responsable de l’envergure d’Edwards n’avait pas annoncé jusqu’à maintenant sa préférence, Clinton pouvait toujours faire valoir qu’il n’était pas convaincu de la candidature d’Obama malgré la nette avance de celui-ci en termes de délégués accumulés au cours des primaires depuis janvier. Mais le ralliement progressif des derniers hésitants à Obama sonne le glas des derniers espoirs de Clinton.
Il reste bien encore Al Gore, ancien vice-président, prix Nobel de la paix et candidat malheureux à la présidentielle de 2000 face à George W. Bush, qui ne s’est pas encore prononcé. Et petite satisfaction pour Clinton, l’épouse d’Edwards, Elizabeth, très impliquée dans la campagne de son époux, ne s’est pas ralliée à Obama. Selon le New York Times, elle a exprimé en privé ses doutes sur la capacité du sénateur de l’Illinois à remporter l’élection de novembre.
L’écrasante victoire de Clinton dans l’Etat de Virginie Occidentale mardi n’aura eu, comme prévu, que peu d’impact. Sur son navire en perdition, le capitaine Hillary continue à braver, stoïque, les éléments déchaînés, mais le paquebot s’enfonce de plus en plus. Le camp Clinton ressemble désormais de plus en plus au Titanic. Alors que le paquebot coulait dans les eaux glacées après avoir touché un iceberg, l’orchestre continuait à jouer pour calmer les passagers des 1ères classes. Hillary Clinton est l’orchestre du Titanic à elle toute seule. Elle continue de sourire et d’afficher une combativité de gagnante alors qu’elle se dirige inéluctablement vers la défaite.
Edwards, qui s’était retiré de la course en janvier, a attendu longtemps avant d’annoncer son choix. Son ralliement a d’autant plus d’importance pour Obama qu’il avait séduit la classe ouvrière blanche avant que Clinton ne reprenne le flambeau. Et Obama a du mal à convaincre cette catégorie d’électeurs.
Clinton peut compter sur les super-délégués encore hésitants mais ils prennent les uns après les autres leur décision et leur choix va de préférence vers Barack Obama. Les super-délégués, au nombre de 800 environ, sont ces notables du parti démocrate qui, aux côtés des délégués issus des primaires, auront un droit de vote à la Convention du parti qui investira officiellement le candidat pour l’élection présidentielle de novembre. Selon le site Realclearpolitics mercredi soir, Obama a désormais une avance de 14 super-délégués sur Clinton. Jusqu’aux primaires de Caroline du Nord (qu’Obama a gagné facilement) et d’Indiana (que Clinton a remporté de peu) le 6 mai, Clinton avait plus de super-délégués qu’Obama et avait réussi à convaincre un certain nombre d’indécis d’attendre les résultats des primaires restantes. Mais alors que les derniers Etats se préparent à voter dans les semaines qui viennent (Kentucky et Oregon le 20 mai, Puerto Rico le 1er juin, Montana et Dakota du Sud le 3 juin), cela devient de plus en plus difficile pour elle.
John Edwards a quasiment signé mercredi soir la nécrologie de la candidate Clinton : C’est «une femme qui est faite d’acier. Elle est un leader dans ce pays pas à cause de son mari mais à cause de ce qu’elle a fait ». Une façon sans doute gentille de demander à Clinton de prendre la porte de sortie avant de subir une complète humiliation.
Mais Hillary n’a pas pour l’instant montré aucune intention de renoncer tant qu’il reste une chance infime. Le Titanic a mis deux heures et quarante minutes pour sombrer et aucun des membres de l’orchestre n’a survécu au naufrage.
mercredi 14 mai 2008
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1 commentaire:
Il y a deux manières de considérer l'obstination de Hillary à rester dans la course: Soit on estime que c'est une battante et qu'elle a raison de résister jusqu'à ce qu'Obama obtienne le nombre définitif de délégués qui officialisera sa victoire. Ou bien on estime qu'elle cherche à rendre impossible la victoire d'Obama en pourrissant au maximum la campagne de celui-ci contre McCain. J'aimerais croire que la première version est la bonne. Mais, franchement, je n'en suis pas sûr...
Olivier
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