Chez les républicains, les Bush et les McCain, ce n’est pas la grande histoire d’amour. Pour préserver les chances de leur camp de remporter la présidentielle de novembre, la solidarité est officiellement de mise, mais les deux clans ont du mal à cacher leur inimitié.
Arianna Huffington, la bloggeuse de gauche qui a créé le site d’informations The Huffington Post, a affirmé récemment que le candidat républicain à la présidentielle John McCain lui avait avoué ne pas avoir voté pour Bush en 2000. La scène se déroulait lors d’un dîner à Los Angeles, peu après l’élection présidentielle de 2000. « Je parlais à un homme et une femme, deux républicains importants. La conversation s’est bientôt orientée vers le nouveau président. ‘Je n’ai pas voté pour George Bush’, a avoué l’homme. ‘Moi non plus’, a ajouté sa femme. Leurs noms : John et Cindy McCain ». Il est vrai que McCain avait été éliminé par Bush lors des primaires républicaines par une campagne de diffamation en Caroline du Sud. Il en avait clairement gardé un souvenir amer.
La campagne McCain s’est empressée de démentir l’information d’Arianna Huffington qui ne surprend pourtant pas grand monde. Il faut sauver les apparences de la solidarité sans faille entre républicains. « Ce n’est pas vrai et je vous prie d’examiner la source », a déclaré un porte-parole, Tucker Bounds, au Washington Post, mettant en doute les qualités professionnelles de la bloggeuse. “C’est une originale, une poseuse et une diva qui cherche à attirer l’attention »,” a renchéri Mark Salter, un proche collaborateur de McCain. McCain aussi a démenti sur la chaîne Fox News : « C’est totalement faux ».
Arianna Huffington est une ancienne républicaine devenue une femme de gauche. Elle se décrit elle-même comme « une ancienne femme de droite qui s’est transformée en populiste compatissante et progressiste ». Elle a été l’épouse d’un millionnaire, Michael Huffington, qui a été un élu républicain au Congrès pendant quelques années. Ils ont divorcé en 1997.
La révélation d’Arianna Huffington a été corroborée, selon le New York Times, par deux autres invités au même dîner donné par l’actrice Candice Bergen à son domicile de Beverly Hills. Il s’agit de deux acteurs de la série télévisée « West Wing », Bradley Whitford et Richard Schiff. Whitford a déclaré au Times qu’il avait été étonné des vives critiques de McCain à l’égard de Bush : « McCain expliquait combien il détestait Bush et les choses horribles que la campagne Bush avait faite à sa famille en Caroline du Sud… Il a dit qu’il (Bush) était incapable de se concentrer et après avoir parlé pendant 10 minutes il voulait changer de sujet et parler de base-ball ». Whitford ajoute qu’un autre invité a demandé à McCain s’il avait voté Bush et McCain a répondu non mais qu’il avait dû, en tant que républicain, apporter son soutien au candidat de son parti.
Côté Bush, on ne se force pas non plus trop à proclamer son amour pour McCain. Jenna Bush, l’une des filles du président américain (celle qui vient de se marier plutôt discrètement dans le ranch familial de Crawford) a déclaré dans l’émission de Larry King sur CNN le mois dernier qu’elle ne savait pas si elle allait voter républicain en novembre. Elle participait à cette émission aux côté de sa mère Laura pour faire la promotion de leur nouveau livre pour enfants. « Mon favori est le républicain », a répondu Laura, interrogé par King sur ses préférences entre les candidats à la présidentielle. King se tourne alors vers Jenna et lui demande : « C’est votre préféré aussi, j’imagine ». « Je ne sais pas », lui répond Jenna, laissant King estomaqué. Jenna tente alors de se rattraper en disant qu’elle avait été « trop occupée avec le livre pour vraiment prêter beaucoup d’attention » à la campagne. La question est de savoir si Jenna est une gauchiste élevée, sans le savoir, par un père qui a redécouvert Dieu sur le tard, ou si elle n’a fait que candidement révélé les mauvaises relations entre les Bush et les McCain. Je vous laisse choisir.
Le défi John McCain est de réussir à prendre suffisamment ses distances avec l’héritage du président George W. Bush tout en ne s’aliénant pas les électeurs qui restent indéfectibles à ce dernier (il reste populaire auprès d’environ 30% des Américains). Sur le fond, il ne se distingue pas trop, son programme très conservateur étant similaire à celui de Bush. Il lui reste la forme, afin que les 70% d’Américains qui sont mécontents de Bush croient à la légende de McCain le « non-conformiste ». Que des informations sur l’inimitié entre les deux clans soient publiées, cela ne fait pas de mal, mais pas trop tout de même, car les fidèles de Bush pourraient se détourner de McCain.
samedi 17 mai 2008
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1 commentaire:
McCain est un Républicain hors norme comme Obama est un Démocrate atypique. C 'est l'un des piments de cette campagne 2008. Les deux candidats révolutionnent les repères, les valeurs de leur parti et en dynamitent la base traditionnelle. Bush (c'est logique) et Hillary (c'est son malheur) représentent largement les vieux courants et les vieux réflexes Rep et Dems. Cela explique l'attraction que les deux exercent sur les indépendants et pourquoi la bataille de novembre se jouera principalement au centre. Pour en revenir à McCain, il est issu du courant libertarien, à savoir, libéral (au sens français du terme) en économie mais aussi sur les questions de mœurs. Ainsi, il a très timidement condamné l'avortement (un passage pourtant obligé pour un candidat républicain). Idem sur le mariage gay ou le droit des immigrés. Un peu comme Obama, si McCain devient le prochain président des Etat-Unis, ses prises de positions risquent de surprendre pas mal de monde...
Olivier
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