dimanche 31 août 2008

Paris Hilton 2012

Quelles sont les qualités pour figurer sur le ticket démocrate ou républicain pour l'élection présidentielle 2008 ? Expérience, connaissance des questions économiques et internationales.... Non, vous faites fausse route. Il faut être sexy, décontracté (e), charmeur (se), etc...

Et les vainqueurs sont, côté démocrate, le candidat à la présidence Barack Obama, et côté républicain, la candidate à la vice-présidence, Sarah Palin. Obama comme Palin ne peuvent guère se targuer d'une grande expérience mais cela ne semble pas être très important aux yeux d'une partie des électeurs et des responsables politiques américains.

Pour être juste avec Obama, les 18 mois de campagne électorale ont permis de tester sa capacité à convaincre, à résister aux attaques et à mener une stratégie victorieuse pour les primaires démocrates. Son parcours universitaire et professionnel font de lui un bon connaisseur d'une grande variété de dossiers. Malgré tout, il a battu Hillary Clinton en partie grâce à son physique séduisant, son éloquence et son attitude décontractée.

Le choix de la gouverneur de l'Alaska Sarah Palin comme colistière par le candidat républicain John McCain va encore plus loin dans la mise en valeur du charme personnel sur l'expérience. Elle est jeune (44 ans), elle est gouverneur de l'Alaska depuis seulement deux ans et a auparavant occupé la fonction de maire de la petite ville de Wasilla (6500 habitants) en Alaska. Et le plus important, elle a été Miss Wasilla en 1984 et est arrivée deuxième du concours de beauté Miss Alaska.

Conclusion de tout cela : La starlette Paris Hilton devrait se porter candidate pour l'élection présidentielle de 2012. Il y a quelques semaines, elle était apparue dans un spot télévisé pour se moquer de la campagne de John McCain qui l'avait utilisée pour faire une association peu flatteuse avec Barack Obama. McCain accusait Obama de n'être qu'une starlette de plus, comme Paris Hilton et Britney Spears.



Et vous constaterez que quand Paris Hilton parle de choses sérieuses, sa voix est plus grave et ne ressemble pas à ses minauderies habituelles.

Alors, rendez-vous en 2012.

vendredi 29 août 2008

Anti-messie

Barack Obama a choisi jeudi soir d'être l'anti-messie. Face aux attaques des républicains le comparant aux starlettes Paris Hilton et Britney Spears et aux critiques dans le camp démocrate lui reprochant ne pas être assez agressif à l'égard de son rival républicain John McCain, il a choisi de corriger le tir en apparaissant plus modeste et plus terre à terre. "Je réalise que je ne suis pas le candidat le plus probable pour ce poste. Je n'ai pas le pedigree typique et je n'ai pas passé ma carrière dans les couloirs de Washington. Mais je suis devant vous ce soir parce qu'à travers l'Amérique quelque chose frémit. Ce que les gens négatifs ne comprennent pas est que cette élection n'a jamais été à propos de moi, elle est à propos de vous".

Mais ce nouveau ton ne lui réussit pas très bien. Parler d'espoir et de changement de manière éloquente, il sait faire et il l'a prouvé brillamment depuis le début de cette campagne présidentielle, mais redescendre sur terre pour évoquer des choses concrètes et attaquer l'adversaire lui semble beaucoup moins naturel. Son colistier Joe Biden et l'ex-Président Bill Clinton ont été la veille bien meilleurs dans ce rôle. Obama semblait ailleurs quand il débitait son texte. Il a même eu un sourire de contentement plein de vanité, complètement à contre-temps, alors qu'il aurait dû afficher sa colère après avoir dit : "Et nous sommes ici parce que nous aimons trop ce pays pour laisser les quatre prochaines années ressembler aux huit dernières. Le 4novembre, nous devons nous lever et dire: huit c'est assez".

Le stade avec 75.000 personnes, les colonnes grecques, la scène avançant au milieu de la foule étaient en décalage avec cette modestie affichée. Les vues du stade donnaient l'impression de revivre les Jeux olympiques de Pékin et le fameux "Nid d'oiseau". On a même eu droit aux feux d'artifice. Cela avait été décidée par la campagne d'Obama quand le candidat démocrate avait une nette avance sur McCain dans les sondages. Mais ces derniers montrent désormais que les deux candidats sont au coude à coude.

Par la magie de la télévision et de l'éclairage, la majorité des Américains auront surtout vu chez eux un plan serré d'Obama avec en fond un décor ressemblant aux fenêtres d'une maison le soir, faiblement éclairées, ce qui donnait une impression intimiste. Après toutes les moqueries de la campagne McCain sur le "Temple d'Obama" (les colonnes grecques derrière lui), l'équipe d'Obama a réussi à rectifier le tir. La vidéo le présentant était également touchante et très réussie, dans la veine je suis un gars simple de l'Amérique profonde. On le voyait surtout entouré de Blancs de la classe ouvrière ou de la classe moyenne, en revanche pas de pasteur Jeremiah Wright, le très controversé pasteur qui a pourtant joué un rôle important dans la vie d'Obama. Pas non plus de palmiers d'Hawaï où Obama a passé son adolescence.

L'Anti-messie est né. Et il espère être élu le 4 novembre.

mardi 26 août 2008

Fraternité ?

Les conventions démocrate et républicaine sont en principe destinées à afficher l'unité du parti, la fraternité de leurs membres et un moral de vainqueur pour impressionner les électeurs. Mais les démocrates sont loin de démontrer cela cette année à Denver pour cette élection qu'ils ne doivent pas perdre, tant les républicains sont impopulaires après huit années de George W. Bush.

Petite revue de ce qui ne marche pas comme prévu.

- Les soutiens financiers d'Hillary Clinton, vaincue lors des primaires démocrates, grincent des dents : Les gros contributeurs de la campagne de l'ex-Première Dame ne se sont pas pour l'instant précipités pour financer la campagne de Barack Obama, selon une enquête du New York Times. Certains d'entre eux ne sont pas venus à la Convention de Denver, d'autres partiront avant le discours d'Obama jeudi, d'autres encore se plaignent des mesquineries de la campagne Obama en termes de chambres d'hôtels et d'accréditations. Un certain nombre disent être tenus à l'écart malgré leur volonté de contribuer à l'élection d'Obama, d'autres reprochent au candidat de ne pas faire assez pour aider Hillary Clinton à rembourser ses dettes.

- Première soirée de Convention et déjà des critiques venant... du camp démocrate : Un des conseillers de la campagne de Clinton, James Carville, a reproché l'absence de message. "Et bien si ce parti a un message, il a vraiment tout fait pour le cacher ce soir. On ne sent pas que le parti a un sentiment d'urgence", a-t-il dit sur CNN. Pendant ce temps, le gouverneur de Pennsylvania, Ed Rendell, un ancien partisan de Hillary Clinton, compare Obama à Adlai Stevenson, candidat démocrate malheureux aux élections présidentielles dans les années 1950 et symbole de l'intellectuel de gauche faisant de la politique. Barack Obama "est un peu comme Adlai Stevenson. Vous lui posez une question, et il vous répond en six minutes. C'est une réponse en six minutes très brillante. C'est intelligent, bien tourné, cela prend tout en compte. Mais ce n'est pas une bonne petite phrase." Conclusion: il va nous faire perdre.

- L'épouse de Barack Obama, Michelle, sur la défensive: C'est vrai que Michelle Obama s'est bien débrouillée pour son discours lundi soir à la Convention, mais elle était clairement en mode défensif, répondant aux attaques des républicains sur sa personnalité. Elle en a fait des tonnes pour prouver qu'elle était une bonne Américaine (pas celle qui dit qu'elle est pour la première fois fière de son pays), qu'elle est une bonne mère et forme une famille simple et adorable avec Barack et ses filles (l'échange entre la plus jeune et son père apparaissant sur un grand écran faisait un peu Ecole des fans de Jacques Martin). Trop en faire devient suspect.

- Bill Clinton fait la tête : L'ex-président a fait savoir avant la Convention qu'il n'était pas content de s'être vu demander de parler de politique étrangère mercredi soir alors qu'il aurait préféré parler des questions économiques et du glorieux bilan économique de sa présidence.

- Et puis, les sondages ne sont pas enthousiasmants : Le plus récent sondage Gallup, réalisé après l'annonce par Obama du choix de son colistier Joe Biden, donne un avantage de deux points à John McCain, la première fois depuis qu'Obama a remporté officiellement les primaires démocrates début juin que le candidat républicain prend l'avantage selon ce sondage actualisé régulièrement par l'institut. "C'est officiel: Barack Obama n'a pas bénéficié d'un coup de pouce en raison du choix du sénateur Joe Biden comme colistier", note l'institut de sondage. D'habitude, les candidats sont dopés par cette annonce, mais Obama a attendu seulement quelques jours avant la convention pour annoncer son choix. Les sondages d'ailleurs rendent moroses l'éditorialiste du New York Times pro-Obama, Bob Herbert. Selon lui, la réticence de certains électeurs blancs à voter pour un candidat noir n'est pas pris en compte complètement par les sondages. "Non seulement les sondages montrent que cela va être une élection serrée, mais les sondages, s'agissant du sénateur Obama, ne peuvent pas susciter une totale confiance. Il est fréquent qu'un pourcentage significatif d'électeurs blancs mentent aux sondeurs, ou refusent de dire leur préférence, lors d'élections où un candidat est noir et l'autre est blanc". Après avoir fait son propre calcul, il considère qu'Obama "est à la traîne actuellement" face à McCain.

- Et pendant ce temps, les républicains attaquent : ils ont décidé de faillir à la tradition de se montrer discrets pendant la convention de l'adversaire. Ils ont diffusé des publicités pointant du doigt les divisions entre démocrates. Mitt Romney, qui a été battu par McCain lors des primaires républicaines et pourrait être choisi comme colistier, mène l'attaque depuis Denver, reprochant à Obama d'être une célébrité sans expérience, de ne pas être prêt. Il accuse aussi Joe Biden de s'être trompé tout au long de sa carrière : "Son bilan d'erreurs en matière de politique étrangère est aussi long que ses années au Sénat" (36 ans).

- Et l'épouse de John McCain, Cindy, a été envoyée en Géorgie, pas l'Etat du sud des Etats-Unis mais le pays en conflit avec son grand voisin russe. Mardi, elle visitait à Tbilissi des centres de réfugiés qui ont fuit les récents combats entre les forces géorgiennes et russes. "Il y a beaucoup à faire ici et mon travail est de m'assurer que la communauté internationale n'oublie pas ce qui se passe ici", a dit Cindy, la multi-millionnaire, devenu soudain la Mère Teresa des Géorgiens.
Et elle a assuré que la date de sa visite n'avait rien à voir avec la Convention démocrate. Bien sûr, on ne peut que la croire.

lundi 25 août 2008

TGPR



TGPR. Mais quel est ce mystérieux acronyme ?

Ce sont les Très Gros Problèmes de Riches, vous répondront immédiatement les initiés. Et c'est ce qui semble accabler le candidat républicain John McCain. Interrogé la semaine dernière par un journaliste du site d'informations The Politico sur le nombre de propriétés qu'ils possède avec son épouse Cindy, il a été incapable de répondre. Les médias ont fait leur enquête et la réponse dépend de la manière de compter.

D'après le site Progressive Accountability, il possède dix propriétés. Il y a trois maisons dans son ranch à Sedona (Arizona), un appartement dans le centre de Phoenix (Arizona), un appartement à La Jolla (Californie) et deux appartements dans le même immeuble à Coronado (Californie) au bord de la mer, un appartement à Arlington, dans la banlieue de Washington. Il y a aussi un appartement loué et un loft acheté pour leur fille Meghan à Phoenix. Tout cela vaut plus de 13 millions de dollars, l'argent venant de Cindy McCain, héritière d'une fortune construite dans le commerce de la bière.

Voici une question que pourraient poser les journalistes qui suivent McCain: Quel moyen de locomotion utilisez-vous pour vous rendre d'une propriété à l'autre ?

dimanche 24 août 2008

Pschitt !!

Le suspense a duré pendant des jours. Mercredi ? Avant mercredi ? Après mercredi ? Avant samedi ? L’équipe de campagne du candidat démocrate Barack Obama nous a tenus en haleine pendant des jours sur le choix de son colistier pour l’élection présidentielle de novembre. On a même eu droit à : « ça y est, j’ai fait mon choix, mais je ne le vous dirai pas ». Les supporters du candidat qui s’étaient dûment enregistrés sur le site de campagne d’Obama (c’est toujours cela de pris pour le carnet d’adresses quand il faudra encore faire appel aux dons) devaient être les premiers informés par un message envoyé sur leur boîte email, en même temps que les médias. Avec une telle pression montant et tandis que le candidat républicain John McCain patinait sur le nombre de propriétés qu’il détient avec son épouse Cindy (ce n’est pas si facile d’être très riche, on n’arrive même plus à se souvenir si on a quatre, sept ou huit résidences), les spéculations sont reparties sur le choix d’Obama. Le journaliste vedette de la chaîne ABC News, George Stephanopoulos, se demandait si avec un suspense durant si longtemps, il ne valait mieux pas pour Obama annoncer une grosse surprise pour éviter une déception en cas de colistier pas très excitant. Les noms d’Hillary Clinton, vaincue par Obama lors des primaires démocrates, et d'Al Gore, l’ex-vice président battu à la présidentielle de 2000 par George W. Bush et devenu entretemps prix Nobel de la paix, étaient évoqués.

Et puis tout cela a fait pschitt !!, comme dirait l’ex-président français Jacques Chirac.

Plusieurs médias américains ont réussi à connaître le nom de l’heureux élu avant les supporters. La campagne Obama a dû batailler au milieu de la nuit de vendredi à samedi pour envoyer à des millions d'entre eux le message alors que le nom du colistier apparaissait en Une des sites d’information.

Et puis l’heureux élu est le sénateur du Delaware Joseph Biden, 65 ans, président de la Commission des affaires étrangères au Sénat. C’est un choix très raisonnable de la part d’Obama (baillement) mais on est loin de la Messie attitude dont il s’est servi pour battre Hillary Clinton. Alors qu’Obama n’a cessé de marteler le thème du changement lors des primaires, signalant son mépris pour les habitués de la politique washingtonienne tels Hillary Clinton, Joseph Biden arpente les couloirs du Capitol à Washington depuis… 36 ans. Il a été élu sénateur à l'âge de 29 ans quand Obama avait 11 ans.

Mais alors que les démocrates profitent de la vague de mécontentement anti-Bush et anti-républicain aux Etats-Unis, Obama ne décolle pas dans les sondages et reste au coude à coude avec McCain, qui propose pourtant en gros la même politique que Bush. Obama a donc choisi d’ajouter un peu d’expérience à son ticket, au détriment de la posture morale adoptée lors des primaires.

L’un des arguments avancés par l’entourage d’Obama contre un ticket Obama-Clinton était qu’il ne voulait pas entâcher son message de renouvellement en choisissant quelqu’un de trop représentatif de la politique washingtonienne. Et bien finalement, c’est ce qu’il a fait en choisissant Biden. Par ailleurs, Obama n’a cessé de mettre en avant le fait qu'il avait été contre la guerre en Irak dès 2002, à l'inverse de Clinton qui avait voté en faveur de l’autorisation donnée par le Congrès à Bush d’engager la guerre contre Saddam Hussein. Et bien Biden a voté à l’époque comme Hillary Clinton. Faut-il valoriser l’expérience en politique ? Ce qui était faux, selon la campagne Obama, en janvier dans les températures glaciales de l’Iowa (un jeune politicien de l’Illinois a eu raison sur l’Irak contre beaucoup de politiciens de Washington) est devenu vrai dans la chaleur de l’été à Denver (où se déroulera la Convention démocrate).

Finalement, la meilleure leçon de cynisme en politique est apportée par l’éditorialiste du New York Times, Frank Rich, qui semble avoir prêté sa plume aux spécialistes en communication d’Obama pour écrire ses éditoriaux. "Il est temps pour Barack Obama de donner le coup de grâce au 'Changement auquel nous pouvons croire' (son slogan pendant les primaires)... Alors que la course présidentielle suscite enfin la pleine attention du pays, la stratégie qui a permis de gagner contre Hillary Clinton doit être réinitialisée pour battre John McCain. 'Le changement auquel nous pouvoir croire' a été brilliamment calculée pour une empoignade familiale entre démocrates où chaque candidat promettait pratiquement le même changement par rapport à George Bush. Elle a fait d'Obama le seul candidat dont l'histoire personnelle, la crédibilité et le talent politique ont permis d'établir un lien entre la promesse de changement et le renouvellement générationnel dans toutes ses manifestations culturelles (et raciale). McCain devrait être une cible bien plus facile si Obama réinitialise son jeu."

Vu comme cela, la politique, c’est très simple.

jeudi 21 août 2008

J'adore les chiots



Les candidats à la présidentielle Barack Obama (c'est le démocrate) et John McCain (c'est le républicain) devraient prendre exemple sur Andrew Holdun. Vous ne connaissez pas ce jeune homme et bien moi non plus mais il a produit une vidéo qui pourrait donner des idées aux deux candidats épuisés, qui multiplient les attaques l'un contre l'autre, sans grand succès, puisqu'ils sont au coude à coude dans les sondages. Quelques messages simples: intégrité, honnêteté, patriotisme, courage, pas raciste (ça c'est pour McCain car cela peut toujours servir). Et puis surtout: "il adore les chiots". Avec cela Obama pourrait réussir à faire fondre les vieilles dames, qui pour l'instant lui en veulent d'avoir battu Hillary Clinton lors des primaires démocrates.

dimanche 17 août 2008

Phénix

Hillary Clinton a perdu les primaires démocrates mais elle n'a pas disparu du paysage politique, au grand désespoir de ses ennemis les plus acharnés. Début juin, elle reconnaissait sa défaite face à Barack Obama mais deux mois et demi plus tard, elle devrait, contre toute attente, être une des stars de la Convention démocrate (du 25 au 28 août à Denver). Et son sourire sera certainement impeccable.

Barack Obama a accepté que le nom d'Hillary soit officiellement sur les bulletins de vote de la Convention qui le choisira officiellement comme candidat démocrate à l'élection présidentielle de novembre. Clinton bien sûr n'aura pas assez de délégués pour vaincre Obama, mais très symboliquement elle va prouver une fois de plus que la compétition des primaires était serrée et peut-être donner des regrets à ses partisans et à d'autres démocrates qui commencent à douter qu'Obama puisse battre le candidat républicain John McCain.

La volonté d'Hillary de figurer sur les bulletins de vote à la Convention est à la fois révélatrice de sa personnalité (elle ne laisse rien passer) et de la situation où se trouve la campagne d'Obama à la fin de l'été. Il n'apparaît pas en position aussi favorable qu'il l'aurait souhaité et il ne peut donc pas ignorer son adversaire et ses partisans. Obama a besoin de montrer une famille démocrate unie et quelle meilleure image qu'Hillary Clinton concédant une nouvelle fois publiquement sa défaite et appelant à voter pour Obama.

Mais tout le monde n'est pas de cet avis. "Maintenant, on sait qui est le patron", écrit le New York Daily News, assez sévère à l'égard d'Obama. Hillary prononcera un discours le mardi le 26 août à une heure de grande écoute et sa fille Chelsea sera là pour la présenter à la foule des délégués. Bill Clinton parlera le lendemain en tant qu'ex-président. Et le jeudi, il y aura le vote symbolique. Trois jours de Clinton pour une convention qui dure quatre jours, ce n'est plus une convention à la gloire d'Obama, c'est le retour des Clinton. Bill soutient Barack du bout des lèvres et tout le monde le sait. Le show d'unité va vraiment sonner faux. On se souviendra qu'Hillary a perdu de peu, alors que trois mois auraient dû suffire à le faire oublier. Les médias vont traquer l'ex candidate pour surveiller ses moindres faits et gestes et les analyser. Si Obama perd l'élection, il aura offert un tremplin pour Clinton en 2012.

"Il va falloir vous y habituer, ils ne vont pas partir", commente Toby Harnden, du Daily Telegraph à propos des Clinton. Cela pourrait être en effet avant goût du partage des rôles si Obama est élu président. Hillary Clinton aura un poids au Sénat qu'il pourra difficilement ignorer. Les affrontements dans les coulisses de Washington pourraient être épiques. Une Hillary vice-présidente serait sans doute plus facile à contrôler (il suffit de l'envoyer à l'étranger aux moments politiques décisifs) mais Obama ne semble pas pencher pour cette solution. A n'en pas douter, on va continuer à entendre parler d'Hillary Clinton pendant les années à venir.

mercredi 13 août 2008

Fugees contre Abba

Le verdict est tombé: ce sont les Fugees contre Abba. Le groupe de hip hop américain et le groupe pop-disco suédois sont en effet arrivés en tête des dix chansons préférées des candidats démocrate Barack Obama et républicain John McCain, qui ont répondu au magazine de musique Blender.

BARACK OBAMA
1. "Ready or Not" Fugees
2. "What's Going On" Marvin Gaye
3. "I'm On Fire" Bruce Spingsteen
4. "Gimme Shelter" Rolling Stones
5. "Sinnerman" Nina Simone
6. "Touch the Sky" Kanye West
7. "You'd Be So Easy to Love" Frank Sinatra
8. "Think" Aretha Franklin
9. "City of Blinding Lights" U2
10. "Yes We Can" will.i.am

JOHN McCAIN
1. "Dancing Queen" ABBA
2. "Blue Bayou" Roy Orbison
3. "Take a Chance On Me" ABBA
4. "If We Make It Through December" Merle Haggard
5. "As Time Goes By" Dooley Wilson
6. "Good Vibrations" The Beach Boys
7. "What A Wonderful World" Louis Armstrong
8. "I've Got You Under My Skin" Frank Sinatra
9. "Sweet Caroline" Neil Diamond
10. "Smoke Gets In Your Eyes" The Platters

On a du mal à croire que les deux candidats soient complètement sincères sur leurs choix et qu'ils aient beaucoup de temps pour écouter de la musique. Leurs équipes de campagne ont sans doute procéder à quelques ajustements pour envoyer le bon message aux différentes catégories d'électeurs dont ils souhaitent s'attirer les voix. De ces deux listes qui ne sont pas très tournées vers l'étranger (le groupe de rock irlandais U2 réussit à entrer dans la liste d'Obama), on retient que les Beatles en sont les grands absents.

Les exégètes de la politique pourront interpréter les préférences des deux candidats. Obama a choisi "Ready or not" des Fugees alors qu'il tente de convaincre les électeurs américains qu'il est prêt à devenir président malgré son expérience limitée. On peut également voir un appel indirect dans le choix de "Take a chance on me" d'Abba par McCain, qui à bientôt 72 ans peut paraître un peu âgé pour présider aux destinées des Etats-Unis.

Avec Abba, McCain n'a pas pris un grand risque. Et même si le groupe suédois est inactif depuis plus de vingt ans, ses chansons restent toujours très populaires comme le montre la comédie musicale "Mamma Mia!" actuellement sur les écrans avec Meryl Streep.

Quant à Obama, certains l'accuseront encore de narcissisme avec le choix de "Yes we can" par will.i.am. Les paroles de la chanson qui a rencontré un énorme succès lors de la campagne des primaires démocrates ont été composées à partir de discours... d'Obama.

dimanche 10 août 2008

A qui le tour ?

Pour les amateurs de « scandales », les responsables politiques américains assurent le spectacle. A peine sommes-nous repus des détails croustillants des escapades tarifées de l’ex-gouverneur de New York Eliot Spitzer, que l’ex-candidat démocrate à la présidentielle John Edwards nous offre le scandale sexuel de l’été : son aventure extra-maritale avec une vidéaste, Rielle Hunter, 42 ans, alors que son épouse Elizabeth se bat contre le cancer. Il dément être le père de l’enfant que Hunter a mis au monde en février. Mais le cirque médiatique est enclenché. Les détails biographiques sur l’amante émergent. On apprend qu’elle a été la compagne de l’écrivain Jay McInerney et a servi de modèle pour le personnage principal de son roman « Story of my life », l’histoire d’Alison Poole, une jeune femme de 20 ans « sexuellement vorace » et amatrice de cocaïne, menant de front plusieurs relations sexuelles.

Ancien colistier du candidat démocrate à la présidentielle de 2004, John Kerry, John Edwards est le dernier d’une longue liste de responsables politiques cloués au pilori par la société américaine pour leur infidélité conjugale. La plupart sont venus faire acte de pénitence en public, leurs épouses humiliées à leurs côtés. Le plus pénible à regarder fut sans doute l’épouse d’Eliot Spitzer se tenant stoïque, le visage couleur cendre, derrière son mari faisant face à la presse. Edwards a retenu la leçon et n’avait pas sa femme Elizabeth à ses côtés pour l’entretien-confession avec la chaîne de télévision ABC news. Edwards s’est dit « honteux » de son comportement, Spitzer a évoqué ses « carences personnelles ». Avant eux, l’ex-parlementaire Mark Foley s’est dit “profondément désolé”, le sénateur David Vitter a regretté « un péché très grave » et a présenté ses « plus sincères excuses à tous ceux qu’il a déçus »...

En France, ce genre de questions est traité avec plus de légèreté. La Première Dame de France, Carla Bruni, dans un entretien au Figaro Madame l’an dernier avant de rencontrer son époux, avait déclaré qu’elle était monogame « de temps en temps ». « Je préfère la polygamie et la polyandrie », avait-elle ajouté. La presse américaine n’en revenait pas d’une telle audace.

En attendant le prochain scandale aux Etats-Unis, voici la liste des plus récents pécheurs :

+ Eliot Spitzer, 49 ans. Ex-gouverneur démocrate de New York. Le 10 mars 2008, le New York Times révèle qu’il est client d’un réseau de prostitution, Emperors Club VIP, faisant l’objet d’une enquête judiciaire. Il reconnaît avoir rencontré pendant plus de deux heures une prostituée payée 1000 dollars de l’heure, Ashley Alexandra Dupré, dans un hôtel de Washington. Spitzer a eu au moins sept ou huit rencontres avec des prostituées à travers cette agence au cours des six mois précédents, dépensant plus de 15.000 dollars. Le 17 mars 2008, il démissionne.

+ Larry Craig, 63 ans. Sénateur républicain de l’Idaho. Le 27 août 2007, le journal de Washington, Roll Call, révèle que Craig a été arrêté dans les toilettes de l’aéroport de Minneapolis-St. Paul le 11 juin 2007 pour avoir tenté de s’attirer les faveurs d’un homme dans la cabine jouxtant la sienne. Pas de chance pour Craig, il s’agissait d’un policier opérant dans le cadre de plaintes sur des activités sexuelles dans les toilettes. Il refuse de s’excuser : « Je ne suis pas gay et je ne l’ai jamais été… Je n’ai rien fait de mal ». Il d’abord annoncé qu’il démissionnait puis est revenu sur sa décision. Mais il ne se représente pas aux élections en novembre 2008.

+ Mark Foley, 53 ans. Ancien parlementaire républicain de Floride. Le 28 septembre 2006 par ABC News révèle qu’il est accusé d’avoir envoyé des emails sexuellement explicites à des adolescents travaillant comme stagiaires au Congrès. Il démissionne du Congrès le 29 septembre 2006.

+ David Vitter, 47 ans. Sénateur républicain de Louisiane. Ce conservateur anti-avortement et pro-armes à feu est identifié en juillet 2007 comme un des clients du réseau de prostitution dirigé par “DC Madam”, alias Deborah Jeane Palfrey, à Washington. En 2000, son épouse Wendy Vitter commentant le scandale Monica Lewinsky concernant le président d’alors Bill Clinton, avait dit : « Je suis beaucoup plus Lorena Bobbitt que Hillary (Clinton). S’il (Vitter) fait quelque chose comme cela, j’emporte avec moi une chose et ce n’est pas une pension alimentaire, faites-moi confiance », en référence au célèbre faits divers où Lorena Bobitt avait sectionné le pénis de son mari. Quelques années plus tard, Wendy Vitter n’a pas mis sa menace à exécution.

+ Kwame Kilpatrick, 38 ans, maire de Detroit (Michigan). Il est actuellement poursuivi par la justice pour parjure et obstruction à la justice. En janvier 2008, le Detroit Free Press a révélé l’existence de plus de 14.000 messages échangés entre Kilpatrick et son chef de cabinet Christine Beatty entre septembre-octobre 2002 et avril-mai 2003. Les deux, mariés à l’époque, avaient une relation ensemble. Les messages décrivaient leur utilisation de l’argent public pour s’organiser des escapades en amoureux. Le 18 mars 2008, le conseil municipal de la ville de Detroit lui a demandé de démissionner mais il refusé.

+ Jim McGreevey, 51 ans. Ancien gouverneur du New Jersey. Il a démissionné le 15 novembre 2004. Il a annoncé publiquement, en même temps que sa démission, son homosexualité et une relation avec un Israélien qu’il avait nommé conseiller à la sécurité, malgré son absence de qualifications en la matière. Cet Israélien le menaçait de poursuites pour harcèlement sexuel. McGreevey s’est séparé de son épouse après cette annonce.

mardi 5 août 2008

Amertume

Amer. Le mot avait valu quelques problèmes au candidat démocrate Barack Obama quand il l'avait utilisé il y a quelques mois lors d'une réunion à huis clos avec des donateurs à propos d'électeurs confrontés aux difficultés économiques. Ce qualificatif semble aller comme un gant à l'ex-président Bill Clinton qui a du mal à tourner la page des primaires perdues par son épouse Hillary. Il ne suffit pas de grand chose pour que son amertume explose.

Bill vient de faire encore des siennes. Lors de sa première interview télévisée depuis la défaite d'Hillary, il n'a pas pu s'empêcher de remâcher sa rancoeur. Il ne peut plus faire beaucoup de tort dans l'immédiat à son épouse. En revanche, Barack Obama, qui est dans un duel assez serré avec le candidat républicain John McCain, se passerait bien de ces commentaires qui montrent que la famille démocrate n'est pas vraiment unie.

L'entretien à la chaîne de télévision ABC News a eu lieu alors qu'il se trouvait au Liberia lors d'une tournée africaine sur le thème du sida pour sa fondation. ABC News raconte dans un article sur son site web que l'ex-président a d'abord déclaré qu'il ne voulait pas ressasser de vieilles histoires alors qu'il était interrogé sur son éventuelle responsabilité dans la défaite de son épouse. Mais ensuite, il s'est mis à défendre son rôle et à accuser les médias. A la question: "Est ce que personnellement vous avez des regrets sur ce que vous avez fait, en faisant campagne pour votre épouse?". Il a répondu: "Oui, mais pas ceux auxquels vous pensez. Et ce serait contreproductif pour moi d'en parler (...) Il y a des choses que j'aurais aimé lui dire de faire. Des choses que j'aurais aimé dire et des choses que j'aurais aimé ne pas dire". "Mais je ne suis pas un raciste", a-t-il poursuivi. "Je n'ai pas fait de commentaire raciste et je ne l'ai jamais attaqué (Obama) personnellement". ll faisait référence à ses propos au moment de la primaire de Caroline du Sud qui a suscité la colère de la communauté noire. Après la victoire d'Obama contre sa femme dans cet Etat, il avait semblé limiter l'importance de la victoire en notant que Jesse Jackson avait gagné la Caroline du Sud en 1984 et en 1988 lors de précédentes primaires démocrates. L'ex-président a assuré qu'il n'était pas en colère contre Obama: "Je ne suis pas et je n'ai jamais été furieux contre le sénateur Obama".

Bill a fini la campagne des primaires plutôt isolé, embarrassant ses amis par ses explosions de colère. Pendant des semaines, le monde politique et médiatique a décrit un ex-Président hors du coup, irascible, narcissique, multipliant les gaffes. « Qu’est-il arrivé à Bill Clinton ? Pendant des mois, cela a été un grand mystère de la campagne : comment l’homme politique le plus talentueux de sa génération pouvait-il devenir une incessante machine à gaffes », s'interrogeait en mai le journaliste Jonathan Darman dans Newsweek. Des hypothèses ont été avancées : l’ex-Président aurait passé trop de temps ces dernières années avec des milliardaires ou il aurait tenté inconsciemment de saboter la campagne de son épouse. Darman pensait plutôt que l’équipe de campagne d’Hillary avait décidé que Bill devait garder profil bas et ne pas trop déployer son charme. Et c’était un rôle que l’ex-Président avait du mal à endosser.

Le voyage en Afrique avant un discours à la Conférence internationale sur le sida cette semaine à Mexico était l'occasion pour Bill Clinton de retrouver une posture d'ancien président, sage parmi les sages, qu'il a perdue pendant la campagne des primaires. Mais son explosion d'amertume le fait apparaître de nouveau comme un has-been qui n’accepte pas que son heure de gloire soit passée et qui ne supporte pas l'idée que Barack Obama puisse le transformer définitivement en retraité de la politique.

samedi 2 août 2008

Pas d'Obamania pour Angelina

Alors que Hollywood est étiqueté par les conservateurs américains comme un repaire de la gauche limousine (version américaine de la gauche caviar), considérée comme acquise à la cause des démocrates, la très people Angelina Jolie, partie se refugier en France avec son people de mari Brad Pitt, affiche une tiédeur à l'égard d'Obama qui peut surprendre. Sans parler de son père, l'acteur Jon Voight, qui attaque vivement le candidat démocrate dans un point de vue paru dans le quotidien conservateur Washington Times.

« Je pense que les gens supposent que je suis démocrate. Mais je suis indépendante et je n'ai pas encore fait mon choix. Aussi, je regarde McCain ainsi qu'Obama », a déclaré l’actrice de 33 ans dans un entretien mi-juin à Entertainment Weekly. Le magazine s’interrogeait sur les éventuelles discussions politiques qu’elle avait pu avoir avec le réalisateur aux sympathies républicaines déclarées, Clint Eastwood, lors du tournage du film "Changeling" ("L'Echange") qui doit sortir sur les écrans cet automne. "Nous ne sommes pas aussi en désaccord que vous pourriez le penser (...) Clint peut m'apprendre des choses sur les sujets américains et je suis plus au courant des choses internationales", avait-elle dit.

Son père Jon Voight, 69 ans, s'est distingué dans un point de vue publié le 28 juillet dans le Washington Times et intitulé "Mes inquiétudes pour l'Amérique". C'est plutôt une diatribe: "Le sénateur Barack Obama a grandi en étant formé par des activistes blancs et noirs très en colère: le révérend Jeremiah Wright, Louis Farrakhan, William Ayers et le révérend Michael Pfleger (…) M. Obama dirigera ce pays dans le même état d'esprit". Et de poursuivre : "Le parti démocrate, dans sa quête du pouvoir, mène une campagne de propagande avec des messages subliminaux, faisant d’un homme une figure quasi-divine alors qu’il n’est pas à la hauteur (…) Les démocrates ont ciblé les jeunes gens, sachant comme il est facile de programmer leurs esprits. Je connais bien ce processus. J'ai été pris dans l'hystérie de l'époque du Vietnam ». Il accuse "les médias contrôlés par les démocrates" de brosser un portrait erroné d'Obama. "Si nous vivons pour voir Obama président, nous vivrons dans une ère socialiste que l'Amérique n'a pas connu avant et notre pays sera affaibli".

Après avoir lu cela, cela ne vous surprendra pas d’apprendre que John Voight, qui s'est fait connaître en jouant un apprenti prostitué dans "Midnight Cowboy" (1969) et a remporté l’Oscar du meilleur acteur pour un rôle dans "Coming Home" (1978), a déclaré son soutien au candidat républicain John McCain. Aujourd’hui clairement un conservateur, il ne l'était pourtant pas il y a trente ans. En 1972, il avait activement participé à la campagne présidentielle du candidat démocrate très libéral (au sens américain) George McGovern.