mercredi 29 octobre 2008

Starlettes

Le monde impitoyable des starlettes semble bien encombré ces temps-ci.

On apprend ainsi que « Joe le plombier » compte surfer sur sa soudaine célébrité acquise lors du dernier débat entre Barack Obama et John McCain. Selon le quotidien en ligne Politico, Samuel Joe Wurzebacher pourrait quitter sa profession de plombier pour se lancer dans une carrière d’artiste et enregistrer un disque de musique country. Le succès n’est toutefois pas garanti. Wurzelbacher sait chanter et “gratter une guitare” mais il n’est pas un musicien accompli, prévient Jim Della Croce, un responsable de la firme de relations publiques de Nashville, avec qui il est en contact.

Se sentant sans doute un peu menacée par cette célébrité d’un nouveau genre (même pas riche), Paris Hilton tente de ne pas se faire oublier. En août, elle avait diffusé une vidéo se moquant de John McCain qui l’avait utilisée dans un clip électoral pour faire une association peu flatteuse avec son adversaire démocrate Barack Obama. McCain accusait Obama de n’être qu’une starlette de plus, comme Paris Hilton et Britney Spears. Paris Hilton vient de récidiver. Sans doute pour ne pas se faire oublier.



En ces temps de crise et de récession économique, l’héritière de la chaîne d’hôtels de luxe pourrait avoir plus de mal à séduire. Trop dur la crise financière !

Et en plus, il faudra qu’elle compte à l’avenir sur la candidate républicaine à la vice présidence, Sarah Palin. Celle-ci a prévenu dans un entretien à la chaîne ABC News qu’elle avait bien l’intention de rester impliquer dans la politique au niveau national même si le ticket qu’elle forme avec John McCain perd mardi l’élection présidentielle. « Je ne fais pas cela pour rien », a répondu Palin à la journaliste qui lui demandait si elle allait retourner en Alaska et y rester en cas de défaite le 4 novembre.

lundi 27 octobre 2008

En attendant la Joemania

C’est la dernière ligne droite et les chances du républicain John McCain de devenir président devenant chaque jour un peu plus minces, les journaux américains se bousculent pour annoncer leur soutien à son adversaire démocrate Barack Obama. Lundi 27 octobre, Obama avait reçu le soutien de 194 journaux, contre 82 pour McCain, selon le décompte du magazine Editor & Publisher. En 2004, le candidat démocrate John Kerry avait reçu 213 soutiens contre 205 pour George W. Bush.

Même le lobby du bacon (enfin disons, un groupe d’amateurs éclairés) a annoncé son soutien à Obama, comme vous pouvez le voir dans cette vidéo tournée très récemment à Denver (Colorado).



En attendant, les républicains préparent leur revanche. Ils ont déjà trouvé leur héros pour les prochaines élections : Samuel Joe Wurzelbacher, dit « Joe le plombier », transformé en symbole de l’Amérique conservatrice qui souffre par le candidat John McCain lors de son dernier débat avec Barack Obama. Joe a annoncé il y a quelques jours qu’il se tâtait pour se présenter comme candidat au Congrès en 2010 face à l’élue démocrate sortante Marcy Kaptur dans un district de Toledo (Ohio).

Les républicains préparent certainement la Joemania sur fond de musique country. Et qui sait, Joe sera peut-être candidat à la présidentielle en 2012.

jeudi 23 octobre 2008

La colère de l’homme blanc

Barack Obama a fait très attention pendant toute cette campagne électorale à ne pas apparaître comme « l’homme noir en colère », nouveau Malcom X se battant contre la suprématie blanche. Face aux attaques de son adversaire John McCain lors des débats, il a toujours gardé son calme, soucieux de ne pas apparaître énervé et de ne pas inquiéter certains électeurs blancs en activant leurs préjugés. Plutôt que d’attaquer McCain et les républicains, sa priorité est de ne pas dissuader les électeurs blancs américains et les minorités autres que les Africains-Américains de voter pour lui. Et il a plutôt bien réussi pour l’instant, comme le montrent les sondages.

En revanche, McCain a du mal à masquer sa rage et nous avons découvert une nouvelle catégorie, « l’homme blanc en colère ». Avec la défaite qui s’annonce, certains supporters de McCain se lâchent dans les meetings, leur rancœur explose. C’est la peur du petit blanc, cette classe ouvrière blanche qui souffre économiquement et qui voit avec horreur la perte de ce qu’elle considère comme l’ultime privilège face aux minorités, l’appartenance à la communauté blanche. Comme on peut le voir dans cette vidéo tournée lors d’un meeting de la colistière de McCain, Sarah Palin, à Johnstown (Pennsylvanie), la haine est à nue et l’angoisse est perceptible.



Et les chiffres du bureau du recensement américain confirment l’angoisse d’une partie de la communauté blanche qui a du mal à accepter la perte d’un statut jugé privilégié. Les minorités aux Etats-Unis, qui représentent actuellement un tiers de la population américaine, en constitueront la majorité en 2042. La communauté blanche ne sera plus alors qu’une communauté parmi d’autres, même si elle restera la plus importante pour un moment. La probable élection de Barack Obama est certainement déjà en partie le résultat de ces changements démographiques en cours.

On n’a pas fini d’entendre parler de « l’homme blanc en colère » et son nouveau héros « Joe le plombier ».

dimanche 19 octobre 2008

Obamania, tournée mondiale : Japon

Barack Obama a un groupe de supporters au Japon, dans le petit village de pêcheurs d’Obama (cela veut dire petite plage en japonais) et selon le magazine New Yorker, l’Obamania s’est emparée d’une partie du village depuis plusieurs mois. Le « Groupe de soutien Obama pour Obama » a enregistré une chanson à la gloire du candidat démocrate à la présidentielle américaine, « Obama is beautiful world ».

« La mer s’étend très loin et le soleil qui brille reflète l’avenir de ton pays, l’Amérique… / La-la-la-la Obama !/ Obama est un monde magnifique !/ Obama est numéro un ».

Les paroles passeront sans doute à la postérité.

jeudi 16 octobre 2008

La rançon de la gloire

Tout est parti d’une rencontre le week-end dernier avec Barack Obama qui faisait campagne dans les environs de Toledo, dans l’Ohio. Joe Wurzelbacher, 34 ans, a interpellé le candidat démocrate s’inquiétant de devoir payer plus d’impôts avec son projet de petite entreprise de plomberie.



Lors de son débat mercredi avec Obama, le candidat républicain John McCain a fait de « Joe le plombier » une icône de l’esprit d’entreprise, héros de l’Amérique républicaine, menacée par le programme fiscal du candidat démocrate.

Mais toute gloire a sa rançon et Joe le plombier se serait peut-être passé de ce coup de projecteur sur sa vie. Le New York Times révèle ainsi que Joe n’a jamais eu de licence de plombier, ce qui est pourtant requis pour exercer cette profession dans la région de Toledo, et il n’a jamais terminé son apprentissage de plombier. Il se plaint du poids de la fiscalité mais les documents publics indiquent qu’il est en retard dans le paiement de ses impôts. “Je suis en quelque sorte Britney Spears ayant mal à la tête”, a-t-il dit à l’agence Associated Press.

Quand on vous dit que c’est vraiment dur d’être une célébrité.

Joe, si tu es là

Le héros du débat entre le démocrate Barack Obama et le républicain John McCain, et personne ne pouvait le manquer, a été « Joe le plombier ». Dès le début, McCain a pris à témoin ce personnage réel rencontré récemment par Obama et devenu dans la bouche du candidat républicain l’incarnation de l’Américain moyen (blanc), son « vieux pote, Joe le plombier ». « Joe, je veux vous dire. Je vais non seulement vous aider à acheter cette entreprise dans laquelle vous avez travaillé toute votre vie mais je vais aussi garder vos impôts à un niveau bas ». Entre parenthèses, il semble que les responsables politiques des deux côtés de l’Atlantique font une fixation sur les plombiers. Le « plombier polonais » était en effet devenu en France un épouvantail créé par les adversaires de la Constitution européenne lors du référendum sur la question en 2005.

Obama ne s’est pas laissé faire et a aussi pris à témoin Joe le plombier, avec sans doute moins de talent que McCain, mais l’essentiel étant qu’il ne l’a pas laissé occuper le terrain de la complicité avec l’Amérique blanche : « Je viens juste de décrire mon plan. Et je suis heureux de te parler, Joe, si tu es là » (la grande question que toute l’Amérique qui a regardé le débat se pose est : est-ce que Joe était devant sa télé ce soir-là ?).

McCain a aussi tenté la complicité avec l’animateur Bob Schieffer, un Américain blanc âgé, lui jetant des regards étonnés et exaspérés quand Obama parlait, comme s’il voulait le prendre à témoin des supposées énormités que disait le candidat démocrate. « Zéro ? », s’est exclamé McCain, semblant ne pas croire ce qu’Obama venait de dire (le candidat démocrate venait d’affirmer que dans son plan de couverture santé, il n’y aurait pas d’amendes : « Joe, si tu es là. Voici ton amende : zéro ». Et McCain de réagir comme si un énorme mensonge venait d’être proféré : “Si vous êtes là, mon ami, et que vous avez des employés et que vous avez des enfants, si vous n’adoptez pas le plan de couverture santé du sénateur Obama, il va vous coller une amende ».

McCain a tenté également l’exaspération face à l’éloquence d’Obama, voulant résumer le candidat démocrate à ses seuls talents d’orateur, comme si cela expliquait sa défaite annoncée. « J’admire beaucoup l’éloquence du sénateur Obama et vous devez vraiment prêter attention aux mots. Il a dit, « nous regarderons » le forage offshore. L’avez-vous noté ? “Regarder”. Nous pouvons procéder à des forages maintenant ». Et à un autre moment sur l’avortement : “ Encore une fois, l’exemple de l’éloquence du sénateur Obama. La santé de la mère a été utilisée par le mouvement pro-avortement en Amérique pour signifier pratiquement tout ».

McCain a tenté aussi l’outrage, en se disant scandalisé par les clips électoraux négatifs du candidat démocrate : « le sénateur Obama a dépensé plus d’argent dans des publicités négatives que n’importe quelle autre campagne politique dans l’histoire, et je peux le prouver ». Mais Obama ne s’est pas laissé faire : “Je pense que si vous regardez les impressions des Américains, Bob, votre chaîne vient de réaliser un sondage qui montre que deux tiers des Américains pensent que le sénateur McCain mène une campagne négative contre un tiers s’agissant de la mienne. Et 100%, John, de vos publicités, ont été négatives. » McCain l’a attaqué également sur son renoncement au financement public pour sa campagne électorale, son refus de participer avec lui à des débats devant des panels d’Américains, ses liens avec le radical d’extrême gauche Bill Ayers, etc… Mais Obama s’est calmement expliqué.

Toutes les attaques semblaient glisser sur Obama à ce débat. McCain a tenté diverses tactiques pour le déstabiliser dans un effort désespéré pour renverser la tendance qui donne actuellement une nette avance dans les sondages au candidat démocrate. Mais Obama a paré les coups avec aisance et il affichait tout au long du débat le large sourire de celui qui sait qu’il va gagner et que son adversaire ne peut pas grand-chose contre lui.

Joe si tu lis ce blog, n'oublie pas d'aller voter.

dimanche 12 octobre 2008

Le vieil homme amer

Sarah Palin ne cesse de répéter qu’elle forme avec John McCain un duo de « non-conformistes » qui changera l’Amérique s’ils accèdent à la Maison Blanche, mais ce n’est pas l’impression donnée actuellement par le candidat républicain, qui a plutôt l’air d’un vieil homme désireux de maintenir coûte que coûte le statu quo alors que le monde bouge autour de lui. Désespérément, il essaie de faire entrer la réalité dans le cadre idéologique républicain hérité de l’ère Reagan mais ces efforts apparaissent de plus en plus vains avec l’explosion de la crise financière.

Entêtés, Palin et McCain répètent le credo républicain de diminution des impôts et de réduction du rôle de l’Etat, au moment où leurs amis de l’administration Bush renoncent dans l’urgence à l’idéologie et nationalisent partiellement des banques américaines. Entêté, McCain parle d’augmenter la production américaine de pétrole en levant un moratoire sur les forages offshore aux Etats-Unis alors que le changement climatique met de plus en plus de dirigeants du monde entier d’accord sur la nécessité de développer les énergies renouvelables au lieu de continuer à brûler les énergies fossiles émettrices de gaz à effet de serre.

Depuis plusieurs semaines McCain est apparu agressif, tentant de déstabiliser son adversaire par des diversions tactiques (choix de Sarah Palin comme colistière, suspension temporaire de sa participation au premier débat sous prétexte de la crise financière, attaques sur les liens d’Obama avec l’activiste radical Bill Ayers qui avait participé à une campagne d’attentats à la bombe contre des bâtiments publics dans les années 1960 et 1970…) mais sur le fond, il ne propose pas grand-chose de nouveau, si ce n’est de poursuivre la politique du président George W. Bush.

Désemparés, c’est bien le mot pour qualifier les républicains qui voient que le pouvoir est en train de leur échapper. Mais la brutalité et la haine qui ressortent des réactions de certains d’entre eux montrent qu’il y a beaucoup plus que cela en jeu. Les républicains sont en train de perdre leur domination culturelle. Juste retour de balancier. Cela fait bientôt 30 ans que leur idéologie du laissez-faire a contaminé toute la société américaine, y compris les démocrates. Il y a quelques jours, McCain a tenté, avec plus ou moins de succès, de contenir une explosion raciste de ses supporters à un meeting. Une femme dans l’assistance a assuré avoir entendu dire que Barack Obama était arabe (sans doute à cause de son deuxième prénom, Hussein) et d’autres supporters ont crié qu’il était un « terroriste » et qu’il conduirait le pays au socialisme. La peur viscérale de l’Amérique blanche qui n’ose pas dire ouvertement qu’elle ne veut pas d’un président noir. Et c’est sur cette peur que McCain peut encore espérer gagner.



John McCain pense que l’Amérique est immuable. On verra le 4 novembre si les électeurs lui donnent raison.

jeudi 9 octobre 2008

Celui-là

Lors du premier débat avec son adversaire démocrate Barack Obama, John McCain avait passé son temps à ne pas le regarder et à lancer ses attaques en regardant l’animateur Jim Lehrer. Le comportement avait quelque chose d’insultant et de condescendant. L’attitude de McCain ne doit rien au hasard, semble-t-il, comme le montre cet extrait de la fin du deuxième débat mardi entre les deux candidats à la présidentielle. McCain refuse ostensiblement de serrer la main d’Obama et pointe du doigt sa femme à la place.



Des commentateurs n’ont pas manqué de souligner que McCain avait utilisé l’expression « celui-là » en parlant d’Obama lors du débat. Pas très courtois. Le « celui-là » en question a actuellement de bonnes chances de devenir le prochain président des Etats-Unis. McCain se rappellera alors peut-être de son nom.

mardi 7 octobre 2008

Ra-ssu-rants

Barack Obama et John McCain s’étaient visiblement donné le mot pour apparaître le plus rassurant possible. En ces temps difficiles, où les économies occidentales semblent plonger à toute vitesse vers la récession, ils n’ont sans doute pas jugé utile de rajouter à l’angoisse des électeurs en se lançant dans un affrontement verbal tendu. John McCain, surtout, a abandonné le ton très agressif qu’il avait adopté lors du premier débat à l’égard de son adversaire démocrate pour un ton plus posé et un débat de fond destiné à répondre aux questions du panel d’électeurs qui se trouvaient devant eux. Le débat était sérieux, jusqu’à l’ennui. Mais après le débat consternant entre les candidats à la vice-présidence Joe Biden et Sarah Palin, cela avait quelque chose de réconfortant. On n’avait vraiment pas besoin d’une nouvelle prestation de mauvais acteur de sitcom à la Sarah Palin. Le spectacle avait disparu (pas de gros clins d’œil) mais on avait l’impression d’être revenu à la réalité.

Pas de ‘cowboy attitude’ pour les deux candidats en politique étrangère, ce qui avait quelque chose de rafraichissant après des années à entendre des expressions gonflées à la testostérone comme, «Dans l’ouest il y a une vieille affiche qui dit : ‘Recherché : mort ou vif ‘ » (c’était à propos d’Oussama ben Laden et jusqu’à preuve du contraire, cela n’a pas été très efficace puisqu’il n’a pas été attrapé) ou encore, “qu’ils viennent se battre”, à l’attention des Irakiens qui attaquaient les soldats américains à l’été 2003 (cinq ans après, les troupes américaines sont toujours en Irak).

Obama et McCain n’ont pas roulé des mécaniques, ni montré qui savait parler le plus fort ou bombait le mieux le torse. Au contraire, McCain le républicain a donné des leçons de diplomatie au démocrate Obama : « Le sénateur Obama aime parler fort. Il a dit qu’il était prêt à attaquer le Pakistan. Extraordinaire. Si vous êtes un pays et que vous essayez d’obtenir le soutien d’un autre pays, alors vous voulez faire tout votre possible pour agir de façon coopérative. Quand vous annoncez que vous allez lancer une attaque dans un autre pays, il est plutôt évident que vous obtenez l’effet que cela a eu au Pakistan : cela tourne l’opinion publique contre nous … Nous avons besoin d’aider le gouvernement pakistanais dans le Waziristan, où je suis allé, une région très rude, à obtenir le soutien de la population et la faire travailler avec nous et se retourner contre les cruels talibans. Et en travaillant et en coordonnant nos efforts ensemble, pas en menaçant de les attaquer, mais en travaillant avec eux, et quand cela est nécessaire utiliser la force. Parler doucement mais avoir avec soi un gros bâton (big stick). » « Personne n’a appelé à envahir le Pakistan », s’est empressé de rétorquer Obama au jeu de, plus diplomate que moi tu meurs. « Le sénateur McCain est la personne qui a chanté, ‘Bombarde, bombarde l’Iran’, qui a appelé à la destruction de la Corée du Nord. Je ne pense que cela soit un exemple de parler doucement ».

Mais, ce n’est pas avec un tel débat aussi courtois que McCain va rattraper son retard dans les sondages face à Obama. Il peut toujours se consoler en se disant que le candidat démocrate à la présidentielle de 2004 John Kerry avait été dans l’ensemble meilleur que George W. Bush lors de leurs trois débats mais que cela n’avait pas empêché ce dernier de gagner l’élection.

vendredi 3 octobre 2008

No surrender

Sarah Palin n’est pas du genre à capituler et elle l’a montré jeudi soir lors du débat avec son adversaire démocrate Joe Biden. Les dernières semaines ont été difficiles pour la candidate républicaine, ses entretiens à la presse suscitant moquerie et scepticisme sur sa capacité à occuper le poste de vice-présidente. Les sondages pour le ticket McCain-Palin ne sont pas bons et des rumeurs ont commencé à courir que McCain s’apprêtait à se débarrasser de Palin pour la remplacer par l’ex-candidat à la présidentielle Mitt Romney, qui a l’avantage de dire des choses un peu plus cohérentes sur l’économie.

Palin avait donc tout à perdre dans ce débat et elle s’en est sortie sans faire de gaffe, jouant avec application son rôle d’Américaine moyenne de l’Amérique profonde. « Bonjour, puis-je vous appeler Joe ? », a-t-elle lancé à son adversaire au début du débat, dessinant immédiatement le rôle qu’elle allait interpréter. Elle a répété avec conviction les classiques de l’idéologie républicaine (toujours moins d’Etat, toujours moins d’impôts, etc…) avec une dose de populisme. « Je pense que nous avons besoin d’apporter un peu de la réalité de Wasilla à Washington » (Wasilla est la ville en Alaska dont elle a été maire).

Au début un peu nerveuse (de temps en temps elle lançait un gros clin d’œil en direction des téléspectateurs qui n’avait rien de très vice-présidentiel), Palin donnait l’impression d’être une écolière récitant un poème appris la veille et se concentrant pour ne pas oublier son texte. Pendant tout le débat, Sarah Palin a montré qu’elle avait bien répété, prononçant sans faute les noms du président iranien Ahmadenijad, du président nord-coréen Kim Jong Il et « les frères Castro à Cuba », comme s’ils faisaient partie de ses préoccupations quotidiennes depuis des années.

Prenant de l’assurance, elle s’est mise à attaquer Biden et les démocrates : « Votre plan est le drapeau blanc de la capitulation en Irak et ce n’est pas ce que nos troupes ont besoin d’entendre aujourd’hui, c’est certain », a-t-elle dit avec un sourire en coin, satisfaite de son effet (les républicains acharnés ont dû adorer, cela correspond complètement à leurs préjugés sur les démocrates ). Le message en filigrane était clair : Sarah, elle, ne capitule jamais, que les choses soient dites à ceux qui se moquent d’elle. No surrender !

Et puis alors que la finance américaine s’effondre, que la dette du pays atteint des sommets, que les Etats-Unis sont toujours engagés dans une guerre coûteuse en Irak, elle a affiché un optimisme à toute épreuve, digne des meilleurs films hollywoodiens. « Le plus important est cette vision du monde que je partage avec John McCain. Cette vision du monde dit que l’Amérique est une nation exceptionnelle. Et nous sommes destinés à être cette cité brillante sur la colline, comme le président Reagan l’a si bien dit, nous sommes un phare d’espoir et nous y croyons ».

Un phare d’espoir ? C’est sans doute très exagéré actuellement.

jeudi 2 octobre 2008

C’est quoi la question ?

On ne sait pas très bien si Sarah Palin est tellement nerveuse qu’elle n’écoute pas les questions ou, plus inquiétant, qu’elle ne sait pas quoi répondre, mais les extraits de son entretien avec la journaliste de la chaîne de télévision CBS Katie Couric laissent perplexe sur sa compréhension des dossiers qui l’attendent si elle est élue avec John McCain à l’élection présidentielle du 4 novembre.

Ses prestations médiatiques visiblement commencent à faire douter les Américains. Un sondage de l’institut Pew, qui vient d’être publié, indique que 51% des Américains pensent qu’elle n’est pas qualifiée pour être présidente (ce qui arriverait en cas de décès d’un John McCain élu président), en nette hausse par rapport aux 39% qui avaient cette opinion il y a un mois.

Dans son entretien avec Couric, Palin est incapable de dire en quoi la proximité de la Russie avec l’Alaska lui donne une quelconque qualification en politique étrangère (voir article dans Ici Washington du 30 septembre), de citer une décision de la Cour suprême avec laquelle elle n’est pas d’accord et même de citer un journal qu’elle lit. Sans parler de l'incohérence de ses réponses sur l'économie.

Couric : Quels journaux et magazines lisiez vous régulièrement avant d’avoir été choisie – pour rester informée et comprendre le monde ?
Palin : J’ai lu la plupart d’entre eux et avec une grande appréciation pour la presse, pour les médias.
Couric : Mais lesquels précisément ? Je suis curieuse.
Palin: Um, tous, tous ceux que j’ai eu devant moi tout au long de ces années.
Couric : Pouvez vous citer l’un d’entre eux ?
Palin : J’ai une grande variété de sources où nous obtenons nos informations.

La comédienne Tina Fey s’est emparée du personnage de Palin pour la parodier dans l’émission de télévision Saturday Night Live. Elle a repris mot pour mot des passages de l’entretien avec Couric. C’est drôle, mais pas très rassurant.