vendredi 29 août 2008

Anti-messie

Barack Obama a choisi jeudi soir d'être l'anti-messie. Face aux attaques des républicains le comparant aux starlettes Paris Hilton et Britney Spears et aux critiques dans le camp démocrate lui reprochant ne pas être assez agressif à l'égard de son rival républicain John McCain, il a choisi de corriger le tir en apparaissant plus modeste et plus terre à terre. "Je réalise que je ne suis pas le candidat le plus probable pour ce poste. Je n'ai pas le pedigree typique et je n'ai pas passé ma carrière dans les couloirs de Washington. Mais je suis devant vous ce soir parce qu'à travers l'Amérique quelque chose frémit. Ce que les gens négatifs ne comprennent pas est que cette élection n'a jamais été à propos de moi, elle est à propos de vous".

Mais ce nouveau ton ne lui réussit pas très bien. Parler d'espoir et de changement de manière éloquente, il sait faire et il l'a prouvé brillamment depuis le début de cette campagne présidentielle, mais redescendre sur terre pour évoquer des choses concrètes et attaquer l'adversaire lui semble beaucoup moins naturel. Son colistier Joe Biden et l'ex-Président Bill Clinton ont été la veille bien meilleurs dans ce rôle. Obama semblait ailleurs quand il débitait son texte. Il a même eu un sourire de contentement plein de vanité, complètement à contre-temps, alors qu'il aurait dû afficher sa colère après avoir dit : "Et nous sommes ici parce que nous aimons trop ce pays pour laisser les quatre prochaines années ressembler aux huit dernières. Le 4novembre, nous devons nous lever et dire: huit c'est assez".

Le stade avec 75.000 personnes, les colonnes grecques, la scène avançant au milieu de la foule étaient en décalage avec cette modestie affichée. Les vues du stade donnaient l'impression de revivre les Jeux olympiques de Pékin et le fameux "Nid d'oiseau". On a même eu droit aux feux d'artifice. Cela avait été décidée par la campagne d'Obama quand le candidat démocrate avait une nette avance sur McCain dans les sondages. Mais ces derniers montrent désormais que les deux candidats sont au coude à coude.

Par la magie de la télévision et de l'éclairage, la majorité des Américains auront surtout vu chez eux un plan serré d'Obama avec en fond un décor ressemblant aux fenêtres d'une maison le soir, faiblement éclairées, ce qui donnait une impression intimiste. Après toutes les moqueries de la campagne McCain sur le "Temple d'Obama" (les colonnes grecques derrière lui), l'équipe d'Obama a réussi à rectifier le tir. La vidéo le présentant était également touchante et très réussie, dans la veine je suis un gars simple de l'Amérique profonde. On le voyait surtout entouré de Blancs de la classe ouvrière ou de la classe moyenne, en revanche pas de pasteur Jeremiah Wright, le très controversé pasteur qui a pourtant joué un rôle important dans la vie d'Obama. Pas non plus de palmiers d'Hawaï où Obama a passé son adolescence.

L'Anti-messie est né. Et il espère être élu le 4 novembre.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Je ne suis pas du tout d'accord. Le fait que Barack Obama fût nommé candidat présidentiel démontre que le systéme de "méritocracie" aux États Unis vit encore. Et son discours brillait par le contenu et le style de sa présentation. Ycarta Regnivon

Anonyme a dit…

Ok pour le temple romain et le sourire pas tres a propos mais sinon que le jugement me semble severe! Obama a prononce un discours remarquable. A la fois dense (on les a enfin, ses fameuses propositions) et charge d'emotion. Incisif contre MacCain et tres rassembleur. Et il a meme rendu hommage a Hillary..... Que demander de plus?
Olivier

Greg D. a dit…

Quand il a dit "huit c'est assez" (Eight is enough) il s'agissait d'une reference de pop culture. "Eight is enough" etait un show televise sur une famille recomposee a la fin des annees 70, debut des annes 80. C'est pour ca qu'il a souri a ce moment la.