mercredi 18 juin 2008

Summer of love

L’été 2008 sera-t-il celui de l’amour ? Les couples homosexuels californiens qui ont commencé par centaines à s’unir officiellement depuis lundi veulent y croire, quarante et un ans après le « Summer of Love ». C’était en 1967, 100.000 jeunes gens convergeaient vers le quartier de Haight-Ashbury à San Francisco qui devint l’épicentre du mouvement hippie, mélange de musique, de liberté sexuelle et de liberté d’expression. « L’été de l’amour », l’expression fait frémir les Américains les plus conservateurs et les cérémonies homosexuelles en Californie devraient être leur cauchemar estival version 2008.

Coïncidence, c’est le moment qu’a choisi l’ancien vice-président Al Gore, prix Nobel de la paix, pour apporter officiellement son soutien au candidat démocrate Barack Obama. Pendant toute la bataille des primaires entre Hillary Clinton et Obama, il était resté neutre. Il n’avait fait qu’une seule déclaration publique en janvier appelant à la légalisation du mariage homosexuel et personne n’avait compris pourquoi il faisait cette déclaration à ce moment-là de la campagne. « Je pense que le gouvernement a tort de faire une différence entre les gens en raison de leur orientation sexuelle. Je pense que les hommes et femmes homosexuels devraient avoir les mêmes droits que les hommes et femmes hétérosexuels », avait-il dit. C’était peut-être une manière de peser dans la campagne alors qu’Obama ne soutient pas le mariage gay mais affirme préférer se concentrer sur l’égalité des droits (Clinton avait la même position très prudente).

Le candidat républicain John McCain ne soutient pas non plus la légalisation du mariage gay et cela ne paraît guère étonnant. Mais il n’apparaît pas désireux de partir en croisade contre ce type d’unions. Il a besoin des électeurs modérés pour remporter l’élection de novembre et ceux-ci pourraient ne guère apprécier que ce thème soit au centre de la campagne alors qu’il y a d’autres sujets plus urgents comme la crise économique et l’Irak. Il y a quelques semaines, quand l’actrice Ellen DeGeneres, qui anime un talk-show télévisé très populaire, l’avait invité à la cérémonie de son mariage avec sa compagne, l’actrice Portia de Rossi, il n’était pas apparu très à l’aise. Il avait répété qu’il considérait que le mariage devait se limiter entre un homme et une femme mais avait estimé que « les gens devraient être en mesure de procéder à des accords légaux, notamment pour ce qui concerne les questions d’assurance ».

En 2004, le mariage gay avait été au cœur de la campagne présidentielle, alors que l’Etat du Massachusetts avait été le premier à légaliser le mariage homosexuel et que la ville de San Francisco avait violé la loi de Californie en mariant des milliers de couples gays, des unions ensuite invalidées par la Cour suprême de l’Etat. Une dizaine d’Etats avaient organisé des référendums demandant aux électeurs s’il fallait interdire les mariages homosexuels le jour du scrutin présidentiel (les Américains peuvent voter sur beaucoup de sujets différents le même jour). Selon certains experts, cela aurait permis de doper le taux de participation électorale des conservateurs qui en avaient aussi profité pour voter pour George W. Bush.

Cette année, c’est la Cour suprême de Californie qui a légalisé le mariage gay. Le gouverneur de l’Etat de New York, David Patterson, a par ailleurs déclaré que les unions homosexuelles célébrées en Californie et au Massachusetts seraient reconnues par l’Etat de New York.

L’été de l’amour reste toutefois suspendu au résultat d’un référendum en novembre en Californie organisé en même temps que le scrutin présidentiel. Les électeurs devront répondre s’ils veulent limiter la définition du mariage à une union entre un homme et une femme.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Et si on veut une réponse négative, c'est tout simple, il suffit d'organiser.... un référendum!!!
Olivier