vendredi 7 mars 2008

Cendrillon

Barack Obama avait mardi soir un petit air de Cendrillon dont le carrosse se serait transformé en citrouille. Aux douze coups de minuit, l’espoir d’écraser Hillary Clinton et de décrocher l’investiture démocrate pour l’élection présidentielle de novembre s’était désintégré. Les discours sur le changement, l’espérance, le « Yes, we can », ont laissé place à des calculs d’apothicaire sur le nombre de délégués détenus par les deux candidats.

Barack n’avait pas la pêche à San Antonio (Texas) le soir de ce « second Super Tuesday ». Il semblait tout chose. « Et nous savons que quoiqu’il arrive cette nuit, nous avons pratiquement la même avance en terme de délégués que ce matin. Et nous sommes sur la voie de gagner cette investiture ». Pas très stimulant de la part de celui qui se dit prêt « à écrire le prochain grand chapitre de l’histoire de l’Amérique ». Visiblement, le moment est passé où il pouvait se moucher lors d’un meeting et se faire applaudir pour ce geste trivial par une foule en pâmoison. C’était il y a quelques semaines, au plus fort de l’Obamania.

Mercredi, le candidat reprenait l’argument des chiffres : « La sénatrice Clinton n’a guère entamée l’avance de délégués hier… Ce processus au final consistera à savoir qui a le plus de délégués et nous pensons que nous serons dans cette position ».

Mais, beaucoup de commentateurs politiques n’ont pas été convaincus. « Cela ne suffira pas de compter sur les chiffres et de continuer à gagner des délégués alors qu’il perd des compétitions importantes. Il se peut qu’il remporte l’investiture de cette manière, mais il perdra sa logique : qu’il représente un vague spectaculaire en faveur du changement », écrit Joe Klein dans Time magazine. Dan Baltz, dans le blog politique du Washington Post estime aussi que « l’arithmétique n’est pas message et le caractère inéluctable (de sa victoire) n’est pas plus un argument pour lui qu’il ne l’a été pour elle cet automne ». Matt Cooper, ancien journaliste à Time, renchérit sur son blog : « Maintenant Obama au lieu d’incarner l’Espoir n’est que chiffres… Ils sont maintenant en train de mettre en avant les chiffres au lieu du changement… Cette élection n’est pas fini et geindre à propos des super-délégués et des chiffres ne servira pas à grand chose ».

Et comme il faut un bouc émissaire quand on perd, Obama s’est mis à accuser les médias. Le candidat apparaît alors beaucoup moins séduisant quand il se plaint comme Hillary l’a fait au cours des dernières semaines. Mardi, avant les résultats des primaires de l’Ohio, du Texas, de Rhode Island et du Vermont, il a accusé les journalistes de s’être laissés embobinés par les récriminations de Clinton sur une presse toute en adoration à l’égard d’Obama. « Tout ce discours selon lequel la presse a été si dure à son égard et pas contre moi – je ne m’attendais pas à ce que vous mordiez à l’hameçon ».

S’imaginer que la presse allait écrire pendant encore des mois la saga de l’homme providentiel relevait de la naïveté. Bienvenue dans le monde réel !

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