jeudi 6 mars 2008

Hot dogs

Tiens le revoilà. On avait tendance un peu à l’oublier ces derniers temps. Le président George W. Bush a apporté mercredi son soutien à John McCain qui est sorti vainqueur des primaires républicaines. Et pourtant les deux hommes ont été des ennemis. Ils se sont affrontés durement lors des primaires de l’élection présidentielle de 2000. Bush avait battu McCain. Huit ans plus tard, c’est la revanche sur le destin pour le vétéran du Vietnam. Et en plus, sa mission est clairement, comme pour les candidats démocrates, Barack Obama et Hillary Clinton, de faire le ménage après ces années à l’ombre de W.

George a reçu John à la Maison Blanche et ils ont mangé des hot dogs. Evidemment, on se demande quelle est la signification politique de ce déjeuner si informel. A première vue, cela sent la testostérone avec un petit parfum typiquement américain. Le message à l’adresse des électeurs : Bush et McCain sont des mecs qui aiment les repas sans chichis, comme quand ils étaient jeunes et faisaient du sport. Le genre « Good ol’ boy network », une manière de se distinguer du camp d’en face (une femme et un noir). Le « good ol’ boy network », ce réseau informel de camaraderie entre hommes blancs dans le monde des affaires et la politique, n’a pas très bonne réputation aux Etats-Unis, car il est souvent perçu comme un club de WASPs (blancs protestants anglo-saxons) qui exclut les catholiques, les juifs et les minorités.

Et pourtant, Bush et McCain n’ont pas toujours été potes.

Flash-back.

Hiver 2000. John McCain et George W. Bush s’affrontent alors pour obtenir l’investiture du parti républicain. En février, McCain remporte la primaire du New Hampshire avec 49% des voix contre 30% pour Bush. La primaire de Caroline du Sud devient alors cruciale. La bataille est terrible, une des plus brutales de l’histoire politique américaine. McCain doit affronter une campagne de calomnies menées par un groupe non identifié qui diffusent des fax, emails, tracts, affirmant que son épouse Cindy est une droguée, que leur fille Bridget, adoptée dans un orphelinat de Mère Teresa au Bangladesh, est un enfant noir qu’il aurait eu hors mariage, qu’il est homosexuel et qu’il est psychologiquement instable après ses années comme prisonnier au Vietnam. La campagne Bush dément être impliqué dans ces attaques, mais Bush finalement remporte la Caroline du Sud et coupe net l’élan de McCain.

Tout est oublié en apparence aujourd’hui. McCain s’est dit très honoré de recevoir le soutien de Bush, « un homme pour qui j’ai une grande admiration, du respect et de l’affection ». Certes Bush n’est pas très populaire mais il a toujours des soutiens chez les républicains conservateurs, une catégorie plutôt sceptique à l’égard de McCain. Donc, Bush peut toujours servir et pourquoi s’en priver. « J’ai beaucoup à faire, mais je vais trouver suffisamment de temps pour aider », a dit Bush. “Je peux collecter de l’argent. S’il veut que j’affiche mon joli visage à côté de lui à l’un de ses rassemblements, je serai content de le faire ». McCain a dit que Bush était le bienvenu, mais a insisté sur le fait que le président était vraiment très occupé.

Bush peut en tout cas être reconnaissant à McCain de toujours soutenir la guerre en Irak qui hante sa présidence. Mardi soir, McCain a répété : « Je défendrai la décision de détruire le régime de Saddam Hussein comme j’ai critiqué les tactiques vouées à l’échec qui ont été employées pendant trop longtemps pour établir les conditions qui nous permettrons de quitter ce pays avec les intérêts de notre pays protégés et notre honneur intact”.

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