mercredi 23 avril 2008

Et le gagnant est...

Une fois de plus, nous avons attendu avec excitation les résultats de la énième manche du match Barack Obama-Hillary Clinton. C’était au tour de l’Etat de Pennsylvanie. Les nombreux sondages publiés au cours des semaines précédant le scrutin donnaient d’abord Hillary largement gagnante puis Barack remontant la pente. Six semaines d’attente rythmées par les rebondissements d’une polémique à l’autre (il faut bien s’occuper), sur le pasteur d’Obama aux discours incendiaires, sur les tirs de snipers en Bosnie inventés par Clinton, sur les remarques quelque peu condescendantes d’Obama à l’égard de la classe ouvrière qui « se raccroche », selon lui, à la religion et aux armes, face à la crise économique.

Mardi 22 avril, 20h00, enfin nous y voilà. Les bureaux de vote viennent de fermer. Assez rapidement, les projections des médias donnent Hillary gagnante. Mais le suspense n’est pas terminé et il va durer pendant des heures. Car le plus important est de savoir de quelle ampleur est sa victoire. Et comme la plupart des commentateurs ont prévenu que Clinton devait gagner avec au moins 10% d’écart pour avoir encore des chances de remporter l’investiture démocrate pour la présidentielle, on regarde l’évolution de cet écart changer en permanence à mesure que les votes sont décomptés. A un moment l’écart est de 10%, quelques minutes plus tard, il retombe à 8%, avant de remonter à 10%, puis de retomber à 8%. A minuit, Hillary comptait une avance de 10 points avec 96% des votes décomptés.

Filant la métaphore footballistique, on pourrait dire que les deux candidats démocrates sont depuis longtemps entrés dans la phase des tirs au but et qu’ils n’arrivent toujours pas à se départager. Cette fois-ci, Hillary a encore marqué un but, réussissant à convaincre une majorité d’électeurs démocrates de Pennsylvanie. Mais le match n’est pas fini. Et l’affrontement entre les deux candidats démocrates demande de plus en plus de talents de mathématicien et d’exégète. Pour ses lecteurs un peu perdus, le New York Times a publié avant le scrutin un article pour expliquer ce qui devait éventuellement constituer une victoire. Le journal prévenait que cela deviendrait compliqué si Hillary gagnait la primaire avec moins de 10 points d’avance.

Avant même que les résultats ne tombent, les conseillers des deux candidats ont tenté de définir les paramètres d’une victoire et évidemment ils n’étaient pas d’accord. L’équipe Clinton a assuré qu’une victoire quelle qu’elle soit serait une victoire, tandis que l’équipe Obama prévenait qu’une courte victoire de Clinton serait en fait une défaite. Vous suivez ?

Lors de la soirée électorale, Ben Smith du site d’informations The Politico notait ainsi qu’une porte-parole de Clinton insistait auprès de journalistes qu’il y avait « un début de changement subtil de la psychologie de beaucoup de superdélégués qui n’ont pas encore choisi ». « Ils commencent à se demander pourquoi Obama n’a pas été en mesure de gagner malgré tous les avantages qu’il a ». Le journaliste s’est aussi moqué du message envoyé par la campagne Obama assurant que le candidat avait fait une percée chez les catholiques. Un score de 31%, alors qu’un sondage en mars ne lui donnait que 24% dans ce groupe. Pour sa part, le président de la campagne Clinton, Terry McAuliffe, a suggéré que Clinton pourrait repasser en tête du vote populaire, grâce à sa victoire en Pennsylvanie, même si elle est toujours nettement en retard en termes de délégués.

Tout ces efforts n'ont qu’un seul but : convaincre les super-délégués, ces notables du parti démocrate qui pourraient trancher entre les deux candidats à la Convention du parti fin août à Denver et choisir celui ou celle qui a le plus de chances de gagner l’élection présidentielle de novembre face au candidat républicain John McCain. Barack Obama pourrait alors être déclaré perdant face à Hillary Clinton… après être sorti gagnant du vote des primaires dans l’ensemble du pays.

On n’en est pas encore là. Prochaine manche, le 6 mai, dans l’Indiana et en Caroline du Nord. Les sondages donnent pour l’instant Barack Obama largement gagnant en Caroline du Nord et Hillary Clinton en tête de peu dans l’Indiana. Les calculettes vont encore être indispensables.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Hitchock is back! On n'aurait pas pu mieux faire. On nous a dit: moins de 10 pts d'avance pour Clinton en Pennsylvanie et c'est Obama qui sera considéré comme le vrai vainqueur. Plus de 10 points d'avance et c'est Clinton qui est de retour. Résultat: + 10 points pile poil. Pas 11, pas 9. Non, 10! L'électeur est un sacré polisson... et met les Dems au bord de la crise de nerfs. Résumons: Depuis le début des primaires, Obama a davantage de voix, d'Etats et de délégués que Clinton. Mais Clinton a davantage de super délégués, a gagné les Etats les plus peuplés et les "swing States", c'est à dire les Etats qui seront les plus disputés le 4 novembre. Mieux encore, Obama est le plus populaire chez les jeunes, les hommes, les minorités, les diplomés. Clinton fait mieux chez les femmes, les Blancs, les classes moyennes et défavorisées, les personnes agées. Encore mieux: Obama est fort dans le sud et l'ouest. Clinton cartonne majoritairement dans le nord et l'est. Autrement dit, le clivage est total au sein de l'électorat démocrate. Je ne voudrais pas être rabat-joie mais j'ai dans l'idée que le futur hôte de la Maison Blanche sera un vétéran du Vietnam de 72 ans dont le slogan favori en campagne est: "Tout peut arriver en politique, même de voir un Président français aimer les Américains!!!"
Sacré John va!

Olivier