lundi 5 mai 2008

Groovy baby

Bill Clinton a retrouvé le “groove”. C’est la nouvelle histoire que commencent à raconter les médias américains, qui adorent les histoires de chute et de rédemption, comme dans les bons films hollywoodiens.

Ces dernières semaines, le monde politique et médiatique décrivait un ex-Président hors du coup, irascible, narcissique, multipliant les gaffes. Pour résumer : un gros problème pour son épouse Hillary, qui tente de gagner l’investiture démocrate à la présidentielle de novembre face à Barack Obama.

« L’Histoire retiendra peut-être le jour de la primaire de Pennsylvanie (le 22 avril) comme celui où Bill Clinton est devenu la figure la plus tragique de la campagne 2008 », écrit le magazine Newsweek dans son édition du 5 mai. L’auteur de l’article, Jonathan Darman, fait référence à l’accès de colère de l’ex-Président démentant vigoureusement (alors que ses propos avaient été prononcés dans un entretien à une radio) avoir accusé la veille Barack Obama d’avoir joué la carte raciale en Caroline du Sud. Et alors que dans la soirée Hillary gagnait la primaire de Pennsylvanie, Bill semblait une fois de plus hors du coup, selon Darman. « Qu’est-il arrivé à Bill Clinton ? Pendant des mois, cela a été un grand mystère de la campagne : comment l’homme politique le plus talentueux de sa génération pouvait-il devenir une incessante machine à gaffes ». Des hypothèses ont été avancées : l’ex-Président aurait passé trop de temps ces dernières années avec des milliardaires ou il tenterait inconsciemment de saboter la campagne de son épouse. Darman pense plutôt que l’équipe de campagne d’Hillary a décidé que Bill devait garder profil bas et ne pas trop déployer son charme. Et c’est un rôle que l’ex-Président a du mal à endosser. « Gagner cette fois-ci est le boulot d’Hillary, ce qui parfois signifie que se plaindre est la seule tâche qui reste à son mari ».

Mais, ces derniers jours, un nouveau portrait a commencé à émerger, réhabilitant Bill Clinton. “Alors que Clinton faisait campagne en Pennsylvanie, il était rarement l’homme politique caricaturé dans la presse. Il continue à avoir un meilleur contact avec les électeurs que son épouse ou Obama », raconte dans le New Yorker Ryan Lizza qui l’a suivi lors de certaines de ses étapes. Selon lui, Bill a toujours le talent d’expliquer simplement aux gens des choses compliquées et il sait les faire rire. « Clinton est furieux que cette partie de lui soit pratiquement absente de la couverture médiatique ». Selon Lizza, la presse se focalise sur les erreurs que peut faire Bill Clinton, ce qui a ainsi « occulté un débat sérieux qu’Obama et l’ex-Président ont essayé d’avoir » sur le bilan économique de la présidence Clinton. Obama affirme que les problèmes économiques des Etats-Unis sont autant la faute de Clinton que de Bush, critiquant notamment la dérégulation du secteur bancaire et des télécommunications sous l’ère Clinton. Cette façon de voir les choses exaspère Bill Clinton mais les médias ne s’y intéressent guère, préférant les gaffes, relève Lizza.

Le New York Times a emboîté le pas du New Yorker et titrait lundi : “Comment Bill Clinton a retrouvé le ‘groove’ ». L’auteur de l’article, Adam Nagourney souligne le nouveau rôle que s’est attribué Bill Clinton : « ambassadeur auprès des plus petits endroits du pays ». L’ex-Président fait ainsi campagne pour son épouse dans des petites villes qui n’ont probablement jamais vu de président jusque-là et il y défend inlassablement la candidature d’Hillary. Entre samedi matin et lundi soir, il aura rendu visite à 21 petites communautés en Caroline du Nord et dans l’Indiana, relève Nagourney. « Est-ce que M. Clinton finalement trouve son rythme, comme le dit un ami, alors que la campagne touche à sa fin ? », s’interroge le journal, qui conclut : « M. Clinton, a toujours été le genre de candidat qui est le meilleur quand les choses vont le plus mal ».

A n’en pas douter, cette nouvelle image d’un Bill ayant retrouvé le « groove » l’emportera si Hillary Clinton gagne l’Indiana ET la Caroline du Nord (même si cela paraît peu probable en ce qui concerne la Caroline du Nord). Si elle perd les deux Etats, Bill Clinton apparaîtra de nouveau comme un personnage tragique, un has-been qui n’accepte pas que son heure de gloire soit passée.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Mouais... Le genre: "c'est rien que de la faute à la méchante presse qui ne montre pas mes bons côtés" est un refrain connu et que d'autres ont chanté avant Bill et ailleurs qu'aux Etats-Unis. La vérité est que cette campagne est tellement longue qu'elle en devient ennuyeuse! Les journalistes - aussi - ont le droit de trouver le temps long... A quand une "une" sur Michelle Obama qui aime les pauvres et mange des nuggets à midi. Vivement le match Obama/McCain et que les choses sérieuses commencent!
Olivier