mercredi 21 mai 2008

Pas si vite

« Pas si vite … La voix d’Hillary est NOTRE voix et elle parle pour nous toutes », proclame la page de publicité sur une pleine page du New York Times publié mardi, le jour des primaires dans le Kentucky et l’Oregon. Elle a été achetée par un groupe de fidèles de la candidate démocrate à la présidentielle Hillary Clinton, WomenCount PAC, qui lui apporte son “soutien inébranlable » malgré ses chances infimes de remporter l’investiture du parti démocrate face à Barack Obama. « Nous savons que quand les femmes votent, les démocrates gagnent. Maintenant, c’est la responsabilité de notre parti d’entendre nos voix et compter tous nos votes. Nous voulons qu’Hillary reste dans cette course jusqu’à ce que chaque vote soit compté, et nous savons que nos voix sont entendues ». La femme d’affaires californienne Susie Tompkins Buell, co-fondatrice de la marque de vêtements Esprit, est à l’origine de cette initiative. « Chaque vote DOIT être entendu. Chaque Etat DOIT être inclus. PERSONNE n’a le droit de demander à Hillary de renoncer quand tant de choses sont en jeu”, a-t-elle déclaré.

La très probable défaite de Clinton à l’issue du processus des primaires qui s’achève le 3 juin est mal vécue par certaines de ses supportrices les plus enthousiastes. Le ralliement à Barack Obama la semaine dernière de la grande organisation pro-avortement NARAL a suscité leurs grincements de dents. Elles ont considéré qu’il s’agissait d’une gifle à l’égard de Clinton qui s’est beaucoup battue pour défendre le droit à l’avortement. La présidente du groupe démocrate pro-avortement, Emily’s List, Ellen Malcom, a estimé « extrêmement irrespectueux à l’égard de la sénatrice Clinton… de ne pas vouloir lui laisser terminer les trois dernières étapes du processus des primaires ».

La militante féministe et commentatrice de gauche sur la chaîne de télévision Fox News, Susan Estrich, a mis en garde Obama. « Si Obama veut gagner, il a besoin des votes des femmes, chéries ou pas. Cela ne devrait pas considéré comme acquis. Ou plutôt, nous ne devrions pas être considérées comme acquises”. Estrich faisait référence à la remarque jugée sexiste qu’Obama a faite récemment à une journaliste de télévision, « Une seconde, ma chérie. Nous allons avoir un point de presse ». Elle ajoute : “Pour de nombreuses femmes, Hillary Clinton n’est pas juste un autre candidat, et le fait que cette campagne ait été submergée par le sexisme a rendu l’identification plus forte. Voir Hillary se faire battre et faire un come-back, voir les journalistes et commentateurs essentiellement (mais pas entièrement) masculins la rabaisser, s’interroger sur ses motivations, son apparence et son orientation sexuelle, a montré pour de nombreuses femmes non pas tout le chemin que nous avons fait mais tout le chemin qui reste à faire ».
Et Hillary Clinton, qui a remporté la primaire du Kentucky avec plus de 35 points d’écart sur Obama, n’a pas déçu ses supportrices les plus acharnées mardi soir. Elle s’est dite “plus déterminée que jamais”. « Je vais faire campagne dans le Montana, dans le Dakota du Sud et à Puerto Rico et je vais continuer à défendre les électeurs de Floride et du Michigan… Continuer à travailler, continuer à se battre, continuer à défendre ce que l’on croit être juste, c’est justement ce que je vais faire ».

Et la candidate a reçu le soutien inattendu de l’acteur-réalisateur Clint Eastwood. Connu pour être un supporter de longue date du candidat républicain John McCain, Eastwood a regretté le manque de respect dont elle fait l’objet. « Tout le monde essaie de lui dire de ranger ses affaires, mais cela ne ressemble pas à l’esprit de l’Americana », a-t-il dit au site d’information en lignes The Politico. « Mettez-vous à la place de (Clinton) : vous avez fait un millier de discours, vous avez serré un million de mains et vous vous êtes remué le cul. Et alors quelqu’un dit, ‘Pourquoi n’abandonnes-tu pas ? … Je regarde Clinton et je la plains et me demande pourquoi tous ces gens lui demandent de partir. Elle montre sa force en restant » dans la course.

Est-ce que Barack Obama va entendre le message des femmes qui soutiennent Clinton ? Le candidat, qui a remporté mardi la primaire de l’Oregon, a déclaré avoir désormais la majorité des délégués issus des primaires (même si cela n’est pas suffisant car cela ne tient pas compte des super-délégués) mais il n’a pas annoncé sa victoire comme l’avaient anticipé il y a encore une semaine ses conseillers. Il se peut que le candidat n’ait pas voulu donner l’impression de manquer de respect à l’égard de Clinton et de ses supporters. En attendant, Obama engrange chaque jour un peu plus de super-délégués, ces notables du parti démocrate qui participeront à la sélection du candidat à la présidentielle à la Convention de Denver fin août. Selon le décompte du site RealClearPolitics, il compte désormais une avance de 27 super-délégués sur Clinton.

Peu à peu, la victoire approche, mais Obama n’a pas encore atteint la ligne d’arrivée.

Pas si vite.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Le moment de vérité approche: Ou bien Hillary se retire dignement de la course juste après les dernières primaires du 3 juin et l'unité du parti est sauve, ainsi que les hautes chances de victoire d'Obama. Ou bien, elle s'accroche jusqu'à la Convention Démocrate du 28 aout... Elle le peut parfaitement car elle a déjà avancé ses arguments: elle exige qu'on prenne en compte les votes du Michigan (oú il n'y avait même pas de bulletins au nom d'Obama!) et de Floride.... ce qui lui permettrait de proclamer qu'elle fait jeu égal ou presque avec Obama en terme de vote populaire et de délégués. Le choix lui appartient donc. Le retrait digne d'une battante respectable ou bien le maintien insensé d'une candidate au comportement volontairement dévastateur (pour le parti et pour Obama, pas forcément pour elle). Or, comme dirait Michel Audiard, Hillary a les statistiques contre elle... son parcours le montre, c'est une très mauvaise perdante!
Olivier