mardi 12 février 2008

Le Messie

Quelle ferveur ! Va-t-il changer l’eau en vin, multiplier les pains et guérir les paralytiques. A entendre certains supporters de Barack Obama, on a le sentiment que tout est possible, que la paix dans le monde est pour bientôt, que les méchants politiciens vont disparaître et qu’on va tous être d’accord sur tout.

« Yes, we can » (Oui, nous le pouvons), scandent, telle une mélopée aux accents religieux, quelques pipole d’Hollywood dans une vidéo pro-Obama vue plus de 3 millions de fois sur YouTube. Je ne peux avoir l’air pisse-vinaigre, mais nous pouvons quoi ? On attend les réponses. La campagne Obama pourrait aussi essayer : « Prenons-nous la main, aimons-nous les uns les autres », mais là il y aurait plagiat. C’est Ségolène Royal qui l’a dit lors d’un meeting en fin de campagne, lors de la présidentielle en France l’an dernier. Le paradoxe dans cette atmosphère quasi-religieuse qui entoure le candidat, c’est qu’Obama a notamment du succès auprès des gens qui ne revendiquent aucune religion.

L’équipe de campagne d’Obama, qui ne cesse d’appeler à « une manière de faire la politique différemment », joue de cette adoration. Dans un tract distribué à Washington, le candidat apparaît comme en état de lévitation au-dessus d’une foule alors qu’une lumière l’entoure d’un halo quasi divin.

Il y a quelques jours, Paul Krugman, éditorialiste au le New York Times, s’est inquiété de ce que « la campagne Obama semble dangereusement s’approcher d’un culte de la personnalité », ce qui a suscité des réactions énervées des supporters d’Obama jugeant cette affirmation sans fondement.

Pour se moquer, le site d’information en ligne Slate.com avait créé il y a un an « L’Observatoire du Messie Obama » pour « examiner les preuves qu’Obama est le fils de Dieu ». « Barack Obama est-il le deuxième retour de notre Sauveur et Rédempteur, le Prince de la paix et le Roi des Rois, Jésus Christ ? », s’interrogeait l’auteur Timothy Noah. Il s’était donné pour objectif de relever dans les médias les signes d’adoration à l’égard du candidat. Il cite ainsi le magazine Rolling Stones : “C’est début janvier, quelques semaines avant qu’Obama se prépare à annoncer sa campagne pour la présidence. Il est assis dans son bureau au Sénat, balançant une jambe sur l’autre genou et parlant très, très lentement. Obama ne cherche pas seulement le mot juste, cette recherche semble l’emmener dans des mondes reculés ». Il ironise aussi sur un article paru l’automne dernier sur le site d’information en ligne Salon.com : « Paul Tewes, coordinateur d’Obama dans l’Iowa s’émerveille : « C’est quelque chose que je n’ai jamais vu auparavant en politique. Après que les gens l’ont entendu parler, ils disent qu’ils se sentent en paix ». Mais, depuis septembre, « L’Observatoire du Messie Obama » a apparemment cessé d’observer. Dommage.

En attendant, on se demande quand on va redescendre enfin sur Terre et entendre des choses plus concrètes de la part du candidat. Les conservateurs sont tapis dans leur coin et attendent le bon moment pour frapper. Un film anti-Obama est en cours de réalisation par un groupe conservateur, Citizens United, qui a déjà produit un film sur Hillary Clinton. Le groupe a prévu 1 million de dollars pour produire ce documentaire qui doit sortir cet été. L’objectif est de fouiller dans le passé politique d’Obama. Jésus Christ va-t-il soudain redevenir humain ?

1 commentaire:

Flo a dit…

Je ne pratique aucune religion et je redoute le culte de la personnalite, quel que soit le contexte. Il faut, cependant, se demander comment on en est arrive la. Apres pres de 8 ans d'une administration DESASTREUSE a TOUS points de vue, de milliards de dollars qui continuent de partir en fumee dans un conflit qui n'aurait jamais du commencer, de milliers de jeunes vies perdues ou horriblement estropiees - pour rien -, je ne suis pas entierement surprise que beaucoup cherchent un "sauveur" et essaient de croire aux miracles. J'admire, mais je n'envie pas, les candidats qui se proposent a la tache, o combien ingrate, de prendre la releve apres Bush. (Et ce n'est pas le cheque de $1200 que je vais recevoir "en cadeau" en tant que contribuable americaine, qui va me faire changer d'avis sur ce que je pense de ce president incompetent et de ses tristes acolytes).