dimanche 17 février 2008

Mitt mon amour

Comme dans les meilleurs romans à l’eau de rose, l’amour triomphe toujours en politique. Après des mois d’affrontements parfois acrimonieux, Mitt Romney-le-vaincu et John McCain-imperator se sont réconciliés devant les caméras jeudi, le premier apportant officiellement son soutien au second dans la course à la Maison Blanche. On en aurait eu presque la larme à l’œil, car franchement, on n’avait rien remarqué d’une telle tendresse mutuelle entre les deux candidats républicains.

“Nous avons toujours bien ri ensemble, notamment quand nous nous trouvions côte à côte. On parlait de choses amusantes. On se serrait la main. Nous disions bonjour à nos épouses respectives. Nous avions une bonne relation personnelle et du respect l’un pour l’autre”, a assuré Mitt Romney. Et quand on fait allégeance, on ne peut pas le faire à moitié : « Même quand la compétition était serrée et que nos désaccords étaient l’objet de discussions, l’envergure de l’homme était évidente », a ajouté le vaincu. Il a certainement bien avalé sa salive avant de dire cela.

McCain n’a pas eu besoin d’en faire autant : « Je lui suis reconnaissant d’avoir mené une campagne dure et franchement une campagne qui m’a aidé à devenir un meilleur candidat non seulement dans les primaires mais aussi pour l’élection générale ». Message limpide : Mitt, tu as vraiment été trop mauvais, merci beaucoup.

Les deux hommes n’ont pas toujours eu ,des mots aussi tendres. Selon la presse américaine, McCain et Romney se détestaient. Romney accusait McCain de ne pas être un vrai conservateur et de faire partie de la clique de Washington responsable, selon lui, de tous les problèmes. McCain à l’inverse accusait Romney d’avoir changé d’avis sur plusieurs sujets par opportunisme. L’un des grands moments de cette animosité a été le débat entre candidats républicains en Californie fin janvier, où McCain a laissé Romney exsangue.

Quelques échanges saignants

Acte 1
Romney attaque : les idées de McCain « sont éloignées de la pensée majoritaire républicaine conservatrice. Et j’ai aussi noté que vous avez été soutenu officiellement par le New York Times, ce qui veut dire que vous n’êtes probablement pas un conservateur ».
McCain répond : « Laissez moi souligner que j’ai été soutenu officiellement par deux journaux de votre ville, dont le très conservateur Boston Herald ».

Acte 2
McCain contre-attaque : « Son bilan de gouverneur (Romney a été gouverneur du Massachusetts) a été d’augmenter les impôts de 730 millions de dollars. Il a appelé cela des « frais ». Je suis sûr que les gens qui ont dû les payer, même s’ils les ont appelé bananes, ils ont dût les payer ces 730 millions dollars supplémentaires »

Acte 3
McCain enfonce le clou et accuse Romney d’avoir soutenu l’établissement d’un calendrier de retrait des troupes américaines d’Irak.
Romney : “Je n’ai jamais soutenu un calendrier spécifique de retrait d’Irak.. . C’est faux ».
McCain froidement : “Bien sûr qu’il a dit qu’il voulait un calendrier”.
Romney désorienté : « Comment pouvez-vous être l’expert de ma position, quand ma position a été très claire ? ».
McCain, impérial : « Je suis l’expert en la matière ».

Heureusement que les deux candidats disaient bonjour à leurs épouses respectives pour confirmer qu’ils étaient en fait des amis parce qu’avec de tels débats, c’était difficile à voir.

En attendant, les démocrates Barack Obama et Hillary Clinton sont toujours en train de s’écharper. Les républicains eux en ont bientôt fini avec le processus de sélection de leur candidat. La dynastie Bush a choisi d’adouber le très grand favori McCain, qui ne devrait plus en avoir pour longtemps avant d’achever Mike Huckabee-l’homme-ne-descend-pas-du-singe. Le frère du président W., Jeb Bush, ancien gouverneur de Floride, a apporté son soutien à McCain et Bush père devait le faire lundi.

Il ne restera plus que le président George W. Mais McCain souhaite-t-il une telle onction ?

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