jeudi 21 février 2008

Paroles, paroles

Enchaînant défaite après défaite ces dernières semaines face à son adversaire Barack Obama, Hillary Clinton n’avait guère d’autre choix que de tenter de le déstabiliser et de dégonfler l’Obamania qui l’entoure. Après 45 minutes de débat plutôt aimable, on commençait à se demander si on n’allait pas s’endormir. Mais l’attaque est venue, franche et directe, Hillary surfant sur « l’affaire du plagiat » qui embarrasse la campagne Obama depuis quelques jours.

Petit rappel de cette affaire. Obama a emprunté quasiment mot pour mot un passage d’un discours de Deval Patrick, aujourd’hui gouverneur du Massachusetts, alors que celui-ci faisait campagne en 2006. Lors d’un discours à Milwaukee (Wisconsin), Obama s’est emporté contre les attaques l’accusant de manier habilement une rhétorique vide de substance. « Ne me dites pas que les mots ne comptent pas! ‘J’ai fait un rêve’. Juste des mots. ‘Nous tenons ces vérités pour évidentes, que tous les hommes sont nés égaux’. Juste des mots. ‘Nous n’avons rien à craindre que la peur elle-même’. Juste des mots, juste des discours ! », s’est exclamé Barack en référence à des phrases célèbres de la Déclaration d’Indépendance, de Martin Luther King et du président Franklin Roosevelt. Le problème est que Deval Patrick a dit la même chose il y a près de deux ans et on peut le constater sur des vidéos postées sur YouTube. Gênée, la campagne Obama s’est défendue en disant que Barack et Deval Patrick étaient des amis, qu’ils discutaient régulièrement et échangeaient des idées. Mais cela n’a pas suffit à calmer la polémique.

Hillary Clinton s’est donc fait un plaisir de remuer le couteau dans la plaie jeudi soir: « Je pense que si ta candidature consiste seulement en des mots, alors ces mots devraient être les tiens…Extraire des passages entiers des discours de quelqu’un d’autre n’est pas le changement auquel on peut croire, c’est du changement qu’on peut photocopier ».

Et Clinton d’enfoncer le clou: “Si vous regardez sur YouTube ces vidéos, cela soulève des questions. Il n’y a pas de doute que tu es un orateur passionné et éloquent et je t’applaudis pour cela. Mais quand on regarde ce à quoi est confronté ce pays, nous avons besoin d’unifier le pays, mais nous devons le faire avec des objectifs précis. Ce n’est pas assez de dire ‘Rassemblons-nous’. Nous savons que nous allons avoir beaucoup de travail pour surmonter l’opposition de ceux qui ne veulent pas les changements nécessaires pour une couverture santé universelle ».

Embarrassé, Obama a tenté de minimiser l’affaire, en disant qu’il ne s’agissait que de « deux lignes dans un discours » alors qu’il en a prononcé des quantités ces deux dernières années. « Et dire que j’ai plagié … est stupide », a-t-il plaidé.

Alors, avec « c’est du changement qu’on peut photocopier », Clinton tient-elle l’expression qui dégonflera le phénomène Obama ? Rien n’est moins sûr, tant Barack semble planer dans les hautes sphères de la popularité.

En attendant, laissons-nous bercer par la chanson de Dalida et Alain Delon : " Paroles, paroles",

http://www.malhanga.com/musicafrancesa/dalida/paroles.htm

qui aurait pu servir à conclure ce débat entre les deux candidats démocrates

2 commentaires:

Yibus a dit…

En plus, elle l'a traité de Xerox... (es-tu certain qu'ils se tutoient ? Peut-être, à travers ce tutoiement, rêves-tu en secret d'un ticket Obama -puisque c'est quasiment certain, il va gagner- Clinton ?)
A ce propos, as-tu remarqué, à la toute fin du débat ; Hilalry avait le regard embué quand elle lui a serré la main. Ça sentait son passage de relais vers l'élection générale et sa défaite reconnue...

Jérôme Bernard a dit…

Sur le tutoiement, je me suis posé la question. Le vouvoiement n'existe pas aux Etats-Unis et ne correspond de toute façon pas à l'usage. En plus Hillary et Barack sont des "camarades" de parti, ce qui pourrait expliquer un tutoiement, un peu comme les socialistes français par exemple.
Sinon, c'est vrai que sa dernière tirade en a peut-être davantage dit son état d'esprit de perdante qu'elle ne l'aurait souhaité.