vendredi 1 février 2008

Ticket

Ce qui est merveilleux avec la politique c’est que les ennemis d’un jour deviennent les amis de toujours avant de redevenir des ennemis jurés.

Le débat jeudi soir entre Barack Obama-vous-avez-bien-vu-mon-charisme et Hillary Clinton-moi-mon-mari-il-a-été-président en a été un parfait exemple. Il y a dix jours leur précédent débat avait été acrimonieux, ils ont choisi cette fois-ci d’être amicaux. Et Hillary de rire à gorge déployée et Barack, avec galanterie, de l’aider à pousser sa chaise alors qu’elle se levait à la fin du débat.

« J’étais ami avec Hillary Clinton avant que nous commencions cette campagne et je serai ami avec Hillary Clinton une fois que cette campagne sera finie », a déclaré Barack Obama, à côté de son adversaire tout sourire. Assis l’un à côté de l’autre, Barack et Hillary n’étaient pas dans une position très aisée pour se lancer des attaques. Ils ressemblaient à un couple de présentateurs de télévision délivrant les nouvelles du jour. Au précédent débat, ils étaient debout, chacun derrière un pupitre, une configuration plus facile pour balancer des méchancetés.

Tant d’amabilités avaient de quoi étourdir… voire décevoir. Je m’étais préparé, carnet en main, à noter les piques assassines qu’ils allaient s’envoyer. Le titre de l’article était déjà tout trouvé, « Deuxième round ». Ils allaient s’écharper, c’était sûr. Et bien non ! Conseillers, experts des sondages leur ont entretemps certainement fait comprendre, ou ont-ils compris eux-mêmes, qu’il fallait passer outre leur rancœur s’ils ne voulaient pas ruiner les chances des démocrates de gagner l’élection présidentielle de novembre. La menace John McCain-j’ai-été-prisonnier-des-Viets, côté républicain, se précise de plus en plus et il n’a pas autant d’effet repoussoir que Mitt Romney-sourire-ultrabright ou Mike Huckabee-j’ai-perdu-50-kilos.

Devant tant de courtoisie mutuelle, le journaliste de CNN Wolf Blitzer n’a pas pu s’empêcher de leur demander s’ils étaient prêts à envisager de faire campagne ensuite ensemble, de former le « ticket » comme on dit, pour devenir les futurs président et vice-président des Etats-Unis. Et Obama, après avoir dit tant de méchantes choses sur Hillary ces dernières semaines, n’a pas tari d’éloges sur son adversaire : « je pense qu’elle sert le pays de manière extraordinaire ». « La réponse est-elle oui ? Il semble que c’est oui, qu’elle serait sur votre liste » d’éventuels colistiers, a demandé le journaliste. « Je suis sûr qu’Hillary serait sur la liste de tout le monde », a finalement répondu Obama, déterminé à être courtois jusqu’au bout. Plus maline, Hillary a esquivé la question se contentant de dire qu’elle était d’accord avec tout ce que Barack venait de dire.

En attendant un hypothétique ticket Clinton-Obama ou Obama-Clinton, Washington bruit de rumeurs sur les éventuels colistiers du gagnant(e) des primaires démocrates et républicaines. Côté républicain, si McCain l’emporte, on évoque comme colistier Mike Huckabee, un de ses adversaires actuels qui a l’avantage d’être apprécié chez les plus conservateurs des républicains. Côté démocrate, si c’est Clinton, l’ex-général Wesley Clark (qui a été à la tête des troupes de l’OTAN en Europe), John Edwards, qui vient d’abandonner la course à la Maison Blanche, et Bill Richardson, qui avait abandonné la course plus tôt, seraient sur la liste. Quant à Obama, il pourrait aussi être intéressé par John Edwards ou Claire McCaskill, sénateur du Missouri.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

quel joli billet bien enlevé ! En revanche, je ne vois pas une femme en ticket avec Obama. Il lui faut un vieux général ou quelqu'un de très expérimenté, non ?